16/08/2008
Pétrole et Pseudo Indépendance du Kosovo
Jeudi 19 Juin 2008 Mireille Delamarre
Le Conseil de Sécurité doit se réunir en fin de semaine pour statuer sur le Kosovo. Cette région occupe une position stratégique sur la route du pétrole en provenance de la Mer Caspienne, ce qui explique l’intérêt des US et de certains pays de l’UE à soutenir sa pseudo indépendance.
Le 17 février le Kosovo s’est auto-proclamé indépendant de la Serbie. Sans surprise, son « indépendance » a immédiatement été reconnue par les US, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France. Le Kosovo est un minuscule territoire, mais, dans le grand jeu des politiques pétrolières, il a une importance inversement proportionnelle à sa taille.
Le Kosovo n’a pas de pétrole mais sa situation géographique est stratégique pour le pipeline Trans-Balkan – connu sous le nom de pipeline AMBO du nom de son constructeur et opérateur la société pétrolière albano-macédono-bulgare enregistrée aux US – qui le traversera.
Le pipeline pompera le pétrole de la Mer Caspienne à partir du port bulgare de Burgas et l’acheminera, via la Macédoine, jusqu’au port albanais de Vlora. De là, il sera ensuite transporté vers les pays européens et les Etats-Unis. Le pipeline AMBO, dont le coût est estimé à 1,1 billion de $, permettra tout spécialement à des sociétés qui opèrent dans la Mer Caspienne de livrer le pétrole par bateau jusqu’à Rotterdam et la côte Est des Etats-Unis pour un coût très inférieur à ce qui se pratique actuellement.
Quand il sera opérationnel en 2011, le pipeline fera partie du corridor d’infrastructures incontournables Est-Ouest, qui comprend autoroute, chemin de fer, et lignes de communications téléphoniques en fibre optique. Ce pipeline amènera le pétrole directement sur le marché européen en éliminant le trafic des pétroliers qui passent par les eaux écologiquement sensibles des Mers Egée et Méditerranée.
En 2000, l’Agence de Commerce et de Développement des US a financé une étude de faisabilité pour un pipeline actualisant et élargissait l’étude originelle de faisabilité du projet datant du début 1996. Ce sont les Services Energie Brown &Root, une filiale britannique propriété exclusive d’ Halliburton, qui ont réalisé le projet d’étude d’origine.
Le document de l’Agence pour le Commerce et le Développement US publié en Mai 2000, affirme que le pipeline est d’un intérêt stratégique pour les US. Selon ce document, le pipeline fournira du pétrole et du gaz pour le marché américain d’une valeur estimée à 600 millions de $ par mois. Il ajoute que le pipeline est nécessaire parce que le pétrole provenant de la Mer Caspienne « dépassera rapidement la capacité sécurisée du Bosphore comme voie d’acheminement ». Ce plan permettra, comme le note d’Agence, de « fournir un apport constant de pétrole brut pour les raffineries américaines, fournira aux sociétés américaines un rôle clé dans le développement du corridor vital Est - Ouest, et fera avancer les aspirations à la privatisation souhaitée par le gouvernement US dans la région, et facilitera une intégration rapide des Balkans dans l’Europe de l’Ouest. »
Selon l’Agence, la construction de ce pipeline est soutenue « depuis 1994 ».
En novembre 1998, Bill Richardson, le secrétaire à l’énergie de l’époque avait annoncé sa politique d’extraction et d’exportation du pétrole de la Mer Caspienne. « Il s’agit de la sécurité énergétique de l’Amérique » avait-il expliqué. « C’est aussi pour empêcher l’acheminement via des voies intérieures par ceux qui ne partagent pas nos valeurs. Nous essayons d’attirer ces nouveaux pays indépendants vers l’Ouest. »
« Nous aimerions les voir dépendre des intérêts commerciaux et politiques occidentaux plutôt que de se diriger ailleurs. Nous avons fait un investissement politique substantiel dans la Caspienne, et c’est très important pour nous qu’à la fois la carte du pipeline et la politique donnent satisfaction ».
Le Professeur Michel Chossudovsky, auteur de « America at War in Macedonia et Directeur du site Global Research ( www.globalresearch.ca) fournit une approche en profondeur sur le projet de pipeline pétrolier albano-macedono-bulgare :
« Le consortium pour le pipeline AMBO basé aux US est directement lié au pouvoir politique et militaire des US et de la société d’énergie du vice président Dick Cheney, Halliburton. L’étude de faisabilité pour le pipeline pétrolier Trans –Balkan AMBO, réalisée par une société internationale d’ingénierie Brown& Root Ltd (une filiale britannique d’Halliburton) a déterminé que le pipeline sera intégré au corridor d’infrastructure incluant autoroute, voie de chemin de fer, lignes de communication téléphoniques en fibre optique.
« White and Case LLT, un cabinet juridique de New York auquel rejoint, pure coïncidence, par le président William J. Clinton quand il a quitté la Maison Blanche, possède également une part dans l’affaire du pipeline AMBO.
« Et à la fin de l’étude de faisabilité par Halliburton, un directeur exécutif d’Halliburton a été nommé CEO d’AMBO. Halliburton a aussi obtenu un contrat de service pour les troupes US dans les Balkans et construit « Bondsteel » au Kosovo, qui maintenant constitue « la plus grande base militaire Américaine à l’étranger construite depuis le Vietnam. »
Pour ce faire, en juin 1999, juste après les bombardements sur la Yougoslavie, les forces armées US se sont emparés de 500 hectares de terre cultivable au Sud Est du Kosovo, près de la frontière avec la Macédoine, pour y construire ce camp « Bondsteel ».
« Le projet de pipeline Trans-Balkans AMBO relierait les pipelines des corridors entre la Mer Noire et le bassin de la Mer Caspienne, qui se trouve être le centre des plus grandes réserves de pétrole non exploitées du monde. La militarisation de ces différents corridors fait partie intégrale du plan de Washington. »
Favorable aux négociations sur les pipelines AMBO, le gouvernement US les a directement soutenu via l’Agence pour le Commerce et le Développement (TDA) et l’Initiative pour le Sud Balkan (SBDI). Le TDA a suggéré que l’Albanie, la Macédoine et la Bulgarie auraient besoin d’utiliser des synergies régionales pour lever des capitaux publics et privés (des sociétés US), tout en affirmant la responsabilité du gouvernement US « pour concrétiser l’initiative ».
Le gouvernement US a rempli son rôle en faisant la promotion du projet AMBO, accordant plusieurs contrats de service à Halliburton pour les troupes US dans les Balkans, dont un contrat de cinq ans en 2005 accordé par l’Armée US d’une valeur de 1, 25 billion, malgré les accusations criminelles portées à l’encontre d’Halliburton sur lesquelles enquête le FBI actuellement selon Craig A. Brannagan auteur de « On the Political Executive : Public or Private ?.
Pour toutes ces raisons, et celles énumérées ci-dessous, l’indépendance du Kosovo est un leurre. L’UE, intéressée par cette nouvelle voie d’approvisionnement en pétrole, veut y établir une mission européenne de police et de sécurité, et les US, via l’OTAN, et la base « Bondsteel » - qui possède la plus grande prison du Kosovo où les personnes y sont détenues sans aucun chef d’accusation, ni possibilité d’avoir recours à un avocat où être traduites devant un tribunal - veulent y établir une présence permanente, tout ceci, avec la complicité du Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon. La politique étrangère, la sécurité, la police, le judiciaire, tout ce qui est tribunaux et prisons, seront sous contrôle UE/OTAN/US.
Seul le veto de la Russie au Conseil de Sécurité peut déjouer ce plan de main mise sur une partie du territoire de la Serbie, pour des raisons purement économiques, en violation flagrante de sa souveraineté et de la Charte des Nations Unies.
Sources de certaines informations : article de Abdus Sattar Ghazari intitulé « The Oil Factor in Kosovo Independence » 24/02/08 - www.amperspective.com/html/the_oil_factor_in_kosovo.html
Jeudi 19 Juin 2008 Mireille Delamarre
Source: Association Serbie - Lien: http://serbie.org/spip.php?article542
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Snipers israéliens avec des enfants dans leurs lignes de mire
Gaza - 29-06-2005 Par Chris McGreal > chris.mcgreal@guardian.co.uk | ||
Ce fut le tir sur Asma Mughayar qui a balayé tous les derniers doutes que j'avais sur la façon dont les soldats israéliens tuaient tant d'enfants et de civils palestiniens. Asma, 16 ans, et son plus jeune frère, Ahmad, ramassaient le linge sur le toit de leur maison au sud de la bande de Gaza au mois de mai l'an dernier quand ils ont été abattus par un sniper de l'armée israélienne. Ni l'un ni l'autre enfant n'était armé ou ne menaçait le soldat, qui a tiré, invisible, par un trou percé dans le mur d'un bloc d'appartements voisins. L'armée a dit qu'ils avaient sauté tous les deux sur une bombe palestinienne plantée dans le sol pour tuer des soldats. Les cadavres offraient un rapport différent. A la morgue de Rafah, Asma était étendue avec un seul trou de balle dans la tempe; son frère 13 ans avait un seul impact de balle au front. Il n'y avait aucune autre blessure, certainement pas de conséquence à une explosion. Confronté avec cela, l'armée a changé son rapport et a prétendu qu'ils avaient été tués tous les deux par un Palestinien, bien qu'il y avait une preuve convaincante qui montrait du doigt le repaire du sniper israélien. Ce que les militaires n'ont pas fait, c'était de demander à ses soldats pourquoi ils ont donné un faux rapport des décès ou de parler aux parents des enfants ou aux autres témoins. Quand les journalistes ont fait pression sur la question, l'armée a promis une enquête complète, mais quelques semaines plus tard elle a été tranquillement abandonnée. C'est devenu la norme dans une armée qui semble estimer qu'il vaut mieux se protéger de toute responsabilité que de vivre selon son affirmation d'être "l'armée la plus morale au monde". Comme l'ont fait remarqué les parents de Tom Hurndall hier après la condamnation d'un sergent israélien pour l'homicide involontaire de leur fils, le soldat a été jugé seulement parce que la famille britannique a eu les ressources pour mettre assez de pression. Mais il n'y a eu aucune justice pour les parents des centaines d'enfants palestiniens tués par des soldats israéliens. Selon le groupe des Droits de l'Homme israélien, B'Tselem, l'armée a tué 1.722 civils palestiniens - plus d'un tiers d'entre eux étaient des mineurs – ainsi que 1.519 combattants, puisque l'Intifada a commencé il y a presque cinq ans; les chiffres israéliens comparables sont 658 civils tués – dont 17% de mineurs - et 309 militaires. L'armée a enquêté sur seulement 90 décès palestiniens, comme d'habitude sous la pression extérieure. Sept soldats ont été condamnés : trois pour homicide involontaire, aucun pour meurtre. Le mois dernier, un tribunal militaire a condamné un soldat à 20 mois en prison pour avoir abattu un homme palestinien qui ajustait son antenne de TV, pourtant, la plus longue peine pour la mort d'un civil, et moins que ce qu'obtiennent les objecteurs de conscience israéliens pour refuser de servir dans l'armée. B'Tselem argue du fait que le manque de responsabilité et de règles d'engagement qui "encouragent une attitude de gâchette facile parmi des soldats" ont créé une "culture d'impunité" - une opinion soutenue par le groupe des Droits de l'Homme basé à New-York, Human Rights Watch, qui a décrit la semaine dernière que de nombreuses enquêtes des meurtres de civils comme une "imposture... qui encourage les soldats à penser qu'ils peuvent littéralement s'en tirer avec le meurtre". Au sud de Gaza, les meutres ont lieu dans un climat qui se résume à une forme de terreur contre la population. Le tir aléatoire dans Rafah et Khan Yunis a pris des centaines de vies, dont cinq enfants abattus alors qu'ils étaient assis à leurs bureaux de l'école. Beaucoup d'autres sont morts quand les snipers devaient savoir qui était dans leurs viseurs - enfants jouant au football, assis à l'extérieur de la maison, qui rentrent de l'école. Presque toujours les "enquêtes" se sont résumées à demander au soldat qui a tiré sur la gachette ce qui s'est passé - souvent ils affirment qu'il y avait un échange de tirs quand il n'y en avait aucun - et en le présentant comme un fait. La police militaire a lancé une enquête sur la mort d'Iman al-Hams en octobre dernier seulement après que les soldats aient rendu publiques les circonstances dans lesquelles leur commandant a vidé son arme sur la gosse de 12 ans. Il a été enregistré disant à ses hommes que la fille devrait être tuée même si elle avaient trois ans. Le colonel Pinhas Zuaretz était commandant au sud de Gaza il y a deux ans quand je l'ai interrogé sur le nombre de meurtres. Le colonel, qui a ré-écrit les règles d'engagement pour permettre aux soldats de tirer sur des enfants de 14 ans, a reconnu que les versions officielles de plusieurs meurtres étaient fausses, mais a justifié la stratégie comme étant le prix de la lutte pour la survie contre un second Holocauste. Peut-être cette opinion était partagée par le soldat qui a abattu trois garçons de 15 ans, Hassan Abu Zeid, Ashraf Mousa et Khaled Ghanem, car ils se sont approchés de la frontière fortifiée entre Gaza et l'Egypte en avril. Les militaires ont dit que les adolescents étaient des contrebandiers d'armes et donc des "terroristes", et que le soldat leur a tiré dans les jambes et qu'il les a tués seulement parce qu'ils ne se sont pas arrêtés. Le rapport était une fabrication. Les adolescents étaient dans "une zone interdite" mais tapaient dans un ballon. Leurs cadavres n'ont montré aucune preuve de blessures pour les neutraliser, seulement des tirs de gros calibre à la tête ou dans le dos. L'armée l'a admis tranquillement - mais a affirmé qu'il n'y aurait aucune enquête. | ||
Source : The Guardian | ||
Traduction : MG pour ISM |
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Crise iranienne : une expertise « géopolitiquement correcte »
Par Bruno Guigue
lundi 14 août 2006
Avec assurance chez les uns, de façon insidieuse chez les autres, la majorité des commentateurs n’en démordent pas : le responsable de cette nouvelle guerre israélo-arabe, c’est l’Iran. « Deus ex machina » dont la puissance maléfique nourrit secrètement les appétits guerriers des protagonistes, c’est lui le vrai coupable. Sournoisement tapi dans l’ombre, il tirerait les ficelles qui agitent à sa guise ces pantins dérisoires qui ont pour noms exotiques Hezbollah et Nasrallah. Le philosophe à gages (ce qui ne saurait nous surprendre) comme l’expert patenté (qui nous avait habitués à beaucoup mieux) s’adonnent avec gourmandise à la construction de cette nouvelle fable géopolitique.
Chez l’ineffable BHL, dans Le Point, c’est un véritable article de foi, qu’il martèle avec ce ton péremptoire qui caractérise l’ardent propagandiste communautaire : « Cette guerre qui frappe les civils et les enfants, comme toutes les guerres, c’est le Hezbollah qui l’a décidée, c’est l’Iran qui l’a programmée. C’est l’Iran et le Hezbollah qui, froidement, en ont décidé l’heure, la dramaturgie, le théâtre. »
Notons d’abord l’absolution accordée au meurtre de centaines d’enfants libanais par l’aviation israélienne : « comme toutes les guerres... ». Le philosophe dandy joue les réalistes, il adopte la posture du sage conscient de la cruauté du monde, justifiant au passage la barbarie infanticide israélienne. Mais le plus important, bien sûr, est de disculper les vrais responsables de cette violence. L’essentiel, c’est d’en attribuer la responsabilité à des tiers : pour peu, à lire BHL, on a l’impression que les chasseurs-bombardiers qui dévastent le Liban viennent de Téhéran. Aurait-on rêvé ? L’influence redoutable des mollahs étendrait-elle son rayon d’action jusqu’à Tel Aviv ? MM. Olmert et Peretz seraient-ils eux aussi de simples marionnettes entre les mains des barbus ?
Voulue par Téhéran, la guerre est menée par Tsahal : voilà une étrange équation qui n’effraie pas, manifestement, les meilleurs amis d’Israël. Mais elle n’intimide pas, non plus, de respectables analystes dont la frénésie des événements semble avoir subitement affecté la lucidité intellectuelle. Ainsi Olivier Roy nous explique-t-il dans Le Monde que « l’Iran fait monter les enchères ». A ses yeux, l’attaque du Hezbollah contre Israël est un « tournant » qui a été négocié sur ordre de Téhéran par ses relais libanais. « Vu la réaction israélienne contre la bande de Gaza, le Hezbollah et ses deux parrains (l’Iran et la Syrie) savaient parfaitement que l’attaque serait suivie d’une nouvelle guerre du Liban. C’est donc ce qu’ils souhaitaient. » Mais par rapport à quelle ligne droite l’enlèvement de trois soldats israéliens par le Hamas, puis le Hezbollah, est-il un tournant ?
En vérité, ce triple enlèvement est un épisode de plus dans une confrontation qui n’a jamais cessé entre l’occupant israélien et les mouvements de résistance. A la frontière israélo-libanaise, les accrochages entre l’armée israélienne et les miliciens du Hezbollah y étaient monnaie courante, y compris depuis l’évacuation effectuée en 2000. Car l’Etat hébreu a continué de violer l’espace aérien libanais et d’occuper le secteur des fermes de Chebaa. Et surtout il détient des milliers de prisonniers palestiniens et libanais. L’affrontement survenu le 12 juillet n’avait rien d’un éclair dans un ciel serein, ni d’un virage à 180° dans une belle ligne droite.
S’il y a un « tournant », c’est plutôt le changement de cap effectué par le Hamas depuis 18 mois : trêve unilatérale des attentats-suicides, participation aux élections palestiniennes. Pourtant, depuis la victoire électorale de la formation islamiste (janvier 2005), Israël n’a cessé de frapper les territoires occupés, tuant des dizaines de Palestiniens. L’action menée par le Hezbollah le 12 juillet avait manifestement pour objectif d’appuyer les revendications du Hamas. L’enlèvement de militaires israéliens n’était d’ailleurs ni une nouveauté, ni un scandale pour les Israéliens qui acceptèrent, en 2004, un échange massif de prisonniers avec le Hezbollah pour recouvrer l’un des leurs, colonel de réserve. A tout prendre, il est quand même plus grave de faire exploser un autobus à Tel Aviv que d’enlever trois soldats en vue d’un marchandage au profit des 9 000 prisonniers arabes qui croupissent dans les geôles israéliennes.
Fait significatif : l’échange de 2004 avait concerné une majorité de détenus palestiniens (sur 450 au total), le Hezbollah ayant indiqué à Israël qu’il ne souhaitait aucun traitement préférentiel pour les Libanais. L’échange de prisonniers, pour Hassan Nasrallah, concernait tout autant le conflit israélo-palestinien que le contentieux israélo-libanais, et même davantage. Que les deux organisations, en juillet dernier, aient voulu de concert provoquer la réédition d’un tel scénario n’a rien d’invraisemblable. Pourquoi refuser sinon de l’admettre, du moins d’en formuler l’hypothèse ? Inutile, rien n’y fait : pour l’immense majorité des commentateurs, « la clé de la crise actuelle est en Iran ».
Omettant de relater cet épisode, Olivier Roy poursuit donc sa démonstration. L’Iran, nous dit-il, a une stratégie cohérente qui vise un seul objectif : devenir une grande puissance régionale. Pour y parvenir, il joue sa carte maîtresse : l’arc chiite. De Téhéran à Beyrouth en passant par Bagdad, la République islamique s’appuie sur cette donnée géopolitique majeure, qu’elle veut étayer par sa stratégie nucléaire. Le Hezbollah étant une formation chiite, la thèse semble frappée au coin du bon sens. Soit : rappeler la géographie humaine du Moyen-Orient pour cerner les atouts de la puissance iranienne n’est pas inutile. Mais quel rapport avec l’enlèvement de deux soldats, le 12 juillet, à la frontière israélo-libanaise ? Et pourquoi l’Iran, puisqu’il est entendu qu’il tire les ficelles, a-t-il choisi ce mode opératoire ?
C’est simple : pour déstabiliser les régimes sunnites modérés et négocier en position de force avec l’Occident sur le dossier nucléaire, nous répond Olivier Roy. « Personne à Téhéran ne pense sérieusement que l’Etat d’Israël soit menacé par une attaque en tenaille du Hamas et du Hezbollah. L’idée est plutôt de délibérément faire monter les enchères pour faire sentir aux Occidentaux ce qu’une extension de la crise à l’Iran pourrait leur coûter (crise de l’énergie, enlisement en Irak et en Afghanistan) sans se trouver eux-mêmes en première ligne ».
Ainsi la République islamique aurait-elle provoqué cette nouvelle guerre israélo-arabe pour accréditer sa capacité de nuisance auprès des chancelleries occidentales. Mais avaient-elles besoin d’en être convaincues ? Et en quoi le déclenchement d’une sixième guerre israélo-arabe servirait-il les intérêts de Téhéran dans la confrontation avec l’Occident sur le dossier nucléaire ? Les dirigeants iraniens ignorent-ils que la presse américaine, depuis deux ans, publie de violentes diatribes en faveur d’une intervention musclée contre leur pays ? Pourquoi Téhéran voudrait-il subitement accélérer le cours de l’histoire alors que le temps joue en sa faveur ?
A l’évidence, l’Iran n’a aucun intérêt à précipiter un affrontement avec l’Occident : aussi longtemps qu’il ne détient pas d’armes de destruction massive (à supposer qu’il veuille effectivement s’en doter), c’est forcément un mauvais calcul. En clair : soit les responsables iraniens sont idiots, soit la thèse de M. Roy est erronée. De manière aberrante, elle mêle les causes et les effets : que l’Iran puisse sortir vainqueur de cette crise internationale ne signifie pas qu’il en a pris l’initiative. Reconstruisant a posteriori la trame des événements, on leur prête à tort une logique imparable : comme si une nécessité infrangible les avait liés à l’avance dans l’esprit diabolique d’un chef d’orchestre clandestin. Commodité intellectuelle, sans doute, que cette propension à attribuer à la main invisible d’un ayatollah démoniaque ce qui résulte, plus simplement, de la non-résolution d’un interminable conflit entre Israël et ses voisins.
Il est indéniable que l’Iran tire aujourd’hui le bénéfice politique de la résistance acharnée des miliciens libanais. Fort de ses affinités idéologiques avec les combattants du Hezbollah, il touche les dividendes d’un prestige d’ores et déjà acquis dans la lutte contre l’envahisseur israélien. Mais avons-nous la certitude que la formation chiite sortira victorieuse de l’épreuve ? Et si elle était écrasée (ce que la logique du rapport de forces devrait induire), quelle crédibilité devrait-on accorder aux analyses de nos « experts » ? Gageons qu’ils seraient alors nombreux à nous expliquer doctement que l’Iran, aveuglé par la passion idéologique, n’a rien vu venir de la menace qui s’est abattue sur ses turbulents alliés. Et l’on ne manquerait pas de nous fournir aussitôt une nouvelle explication, géopolitiquement tout aussi lumineuse.
Bruno Guigue
Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA
Auteur de "Proche-Orient : la guerre des mots", L’Harmattan, 2003
Source: http://oumma.com/La-faute-a-l-Iran-une-fable
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15/08/2008
Ma faute ? Avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale
Par Bruno Guigue
lundi 21 avril 2008
Dans les jours qui ont suivi mon "limogeage", les éditorialistes Jean Daniel, Bernard-Henri Lévy et quelques autres se sont empressés de me prendre pour cible. Prenant courageusement le parti du pouvoir contre un homme seul, ils ont caricaturé mes propos et stigmatisé ma personne. Point commun de ces commentaires peu amènes ? Sous une avalanche de procès d’intention, un pesant silence à propos des faits que j’avais mentionnés dans ma tribune. Sans toujours réitérer l’accusation grotesque d’antisémitisme proférée par Luc Rosenzweig, ils insinuent que je me serais condamné moi-même par l’outrance de mes propos.
Mais qu’en est-il, effectivement, des tirs de snipers israéliens sur les enfants et de la pratique de la torture dans les prisons ? Rien. Vrai ou faux ? À lire leur prose, nous n’en saurons pas plus. On préfère évoquer à mon encontre « les protocoles des sages de Sion », comme l’a fait Pierre Assouline. À croire que la coalition de ceux qui ne veulent pas savoir et de ceux qui ne veulent pas que l’on sache est majoritaire. Et au lieu de réfuter mes affirmations de manière factuelle, mes détracteurs préfèrent ainsi jeter l’anathème.
Mais, précisément, parlons plutôt des faits. Deux phrases inlassablement reprises en boucle, tirées de leur contexte, en effet, ont alimenté mon lynchage médiatique. « L’Etat d’Israël est le seul où des snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ». Cette affirmation visait à répliquer aux signataires d’une violente charge contre l’Iran, pays où la peine de mort est cruellement appliquée. Une phrase choquante ? Sans nul doute. Mais les tirs de soldats israéliens contre des enfants, hélas, sont des faits avérés, évoqués par le quotidien israélien Haaretz depuis 2000. Des tirs délibérés, dont le journaliste britannique Chris MacGreal, pour l’hebdomadaire The Guardian, a notamment fait le récit détaillé dans un article paru le 29 juin 2005.
Une triste réalité dont Christophe Oberlin, professeur de chirurgie à l’hôpital Bichat, a lui aussi publiquement témoigné au terme de nombreuses missions médicales en Palestine. Il vient d’ailleurs d’écrire au gouvernement une lettre où il lui demande si, lui aussi, il sera limogé pour avoir confirmé mes dires. Livrée en pâture à l’opinion comme une énormité, la phrase que j’ai écrite avait quelque chose de monstrueux, en effet : elle était vraie. Et parce qu’elle disait la vérité, elle heurtait le formidable déni de réalité qui entoure, dans les médias dominants, la politique israélienne.
La deuxième phrase litigieuse est celle où j’évoque « les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on interrompt la torture durant le shabbat ». Choquant, là encore ? Le propos renvoyait à leur propre contradiction ces fervents partisans de l’État d’Israël qu’indigne, curieusement, l’inclination de certains pays à la défense de la religion. Mais le fait mentionné, lui, ne fait pas l’ombre d’un doute : il suffit de consulter le dossier établi par l’association israélienne de défense des droits de l’homme Bet’Selem.
Lorsque la Cour suprême israélienne tenta de limiter l’usage de la torture pratiquée sur les prisonniers palestiniens, en 1999, les services secrets ont argué de l’urgence pour la justifier. Les plaignants ont alors fait observer que du vendredi midi au samedi soir, cette pratique était interrompue, ce qui relativisait singulièrement l’argument de l’urgence. Cette affaire est parfaitement résumée par Sylvain Cypel, ex-rédacteur en chef du quotidien Le Monde, dans son livre « Les emmurés », paru aux éditions La Découverte en 2005, p. 94, note 17. Chacun peut s’y référer et vérifier la véracité de mes propos.
Reste un troisième grief, tout aussi paradoxal. Dans la tribune violemment antionusienne dont je faisais la critique, les signataires crurent bon de citer Goebbels, lequel invoquait face à la Société des Nations le fameux adage : « charbonnier est maître chez soi ». Cette citation visait la majorité des pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont le tort était d’avoir dénoncé la violation du droit international par Israël. Les pays musulmans se voyaient ainsi "nazifiés", purement et simplement, par les auteurs du pamphlet que je passais au crible. « Analogie pour analogie », ai-je fait observer, il y avait plutôt ressemblance entre le Reich qui s’asseyait sur la SDN et l’Etat d’Israël qui bafouait l’ONU.
Mea culpa : j’avais oublié que les comparaisons les plus désobligeantes, aux yeux de l’establishment hexagonal, sont interdites à propos d’Israël mais vivement recommandées à l’égard des pays du « Tiers Monde ». Mon principal tort, plus que d’avoir enfreint le devoir de réserve, n’est-il pas d’avoir heurté de plein fouet la doxa occidentale ? Après avoir mis en lumière le déni de réalité dont le discours dominant entoure les exactions israéliennes, il faut croire que c’en était trop. À mes dépens, j’ai fait la démonstration que la frontière entre ce qu’il est licite de dire et ce qui ne l’est pas, dans notre pays, n’a rien à voir avec le vrai et le faux.
Bruno Guigue
Diplômé de l’Ecole normale supérieure et de l’ENA
Auteur de "Proche-Orient : la guerre des mots", L’Harmattan, 2003
Source: http://oumma.com/Ma-faute-Avoir-heurte-de-plein
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23/07/2008
Hébron, ville symbole de la colonisation israélienne
A Hébron, en Cisjordanie, se trouve le caveau des Patriarches, lieu doublement sacré. Pour les juifs, c'est le berceau de la religion. Pour eux, mais aussi pour les musulmans, c'est le tombeau d'importants prophètes. Au cœur de la vieille ville, 600 colons juifs sont installés, sous la protection de 2000 soldats. Et au milieu de 170 000 palestiniens.
En général, les journalistes ne sont pas acceptés dans la vieille ville d'Hébron. Trop de symboles. Trop de haine quotidienne. Et pas de témoins.
FRANCE 24 a pu passer plusieurs journées dans la rue Al Suhada. La rue du couvre-feu le plus long de l'histoire de la Cisjordanie. Depuis 2001, la rue est "stérilisée", c'est-à-dire que tous les magasins sont fermés sur décision de l'armée. Pire encore : les Palestiniens ne sont pas autorisés dans toutes les parties de la rue. Pour protéger les colons, les Palestiniens n'ont par exemple pas le droit de marcher devant certaines maisons juives. Au départ, l'armée israélienne avait pris ces mesures pour faire cesser le cycle infernal de violences et de représailles entre les colons et Palestiniens.
Mais le provisoire s'est installé. Et la rue Al Shuhada, ainsi que la Casbah d'Hébron, sont désertes.
Un soldat de Tsahal dans une rue déserte d'Hébron
Depuis quelques mois, la société israélienne prend conscience de l'ampleur des dégâts. Un groupe d'anciens soldats d'Hébron a monté l'organisation "Breaking the Silence" ou "Rompre le Silence". Le but ? Montrer, expliquer, dénoncer. Dire haut et fort que la protection militaire des colons ne vaut pas la peine. Que les colons sont violents et obligent l'armée et l'Etat d'Israël à se mettre dans l'illégalité. Car Hébron est une zone de non-droit, où les soldats passent leur temps à constater les délits des colons sans avoir le droit d'intervenir.
La rue principale d'Hébron vidée d'activités
La police tente d'empêcher Breaking the Silence d'entrer en ville. Arrestations et expulsions sont fréquentes. FRANCE 24 était avec le fondateur de l'organisation quand il a été arrêté et expulsé d'Hébron, malgré l'autorisation de la Cour suprême israélienne. Une autre ONG, B'Tselem, a, elle, choisi "d'armer" les Palestiniens de caméras vidéo. Les habitants d'Hébron peuvent ainsi filmer tous les événements auxquels ils sont confrontés. FRANCE 24 a pu voir les succès, et les limites, de l'opération "Shooting back".
Source: http://www.france24.com/fr/20080711-israel-hebron-symbole...
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Le Parlement italien adopte une loi durcissant les peines contre les immigrants illégaux
ROME - Le Parlement italien a approuvé mercredi une loi durcissant les condamnations d'immigrants illégaux afin de faire baisser la criminalité de rue dont les clandestins sont souvent rendus responsables dans le pays.
Le texte prévoit l'allongement d'un tiers des peines de prison pour les contrevenants en situation illégale, et l'expulsion de tout étranger condamné à plus de deux ans de prison.
La durée de détention légale provisoire en attente d'une reconduite à la frontière passera de 60 jours à 18 mois. Si la procédure d'expulsion échoue et que le clandestin est libéré avec ordre de quitter le pays, toute nouvelle infraction entraînera une peine de prison de deux à quatre ans.
En vertu de la nouvelle loi, louer un appartement à un immigrant illégal devient également un délit.
Le texte avait déjà été approuvé par la chambre basse du Parlement, où la majorité de droite du président du Conseil Silvio Berlusconi possède, comme au sénat, une large majorité.
Berlusconi a remporté les élections législatives d'avril en promettant notamment de lutter contre la criminalité, que les Italiens lient de plus en plus aux étrangers, et notamment aux immigrants illégaux.
L'opposition de centre-gauche a voté contre la loi, critiquant notamment le fait que l'immigration illégale devienne un facteur aggravant, une mesure qu'elle juge discriminatoire... AP
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16/07/2008
Le Pen parrain d'un enfant de Dieudonné
PARIS (AFP) - Le président du Front national Jean-Marie Le Pen est devenu le parrain du quatrième enfant de l'humoriste controversé Dieudonné, lors d'une cérémonie à Bordeaux la semaine dernière, a indiqué une source proche de l'humoriste, confirmant des informations de Libération mercredi.
Selon l'enquête du quotidien, le baptême de l'enfant, une petite fille, a eu lieu à Bordeaux, dans la paroisse traditionaliste de Saint-Eloi, par l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, bastion intégriste parisien.
Ces informations sont "exactes", a déclaré la source interrogée par l'AFP, sans vouloir donner plus de détails.
Une source au Front national a par ailleurs indiqué à l'AFP que M. Le Pen avait déjà évoqué il y a quelques semaines ce projet devant quelques personnes.
Mais le service de presse du FN s'est refusé à tout commentaire, estimant que "s'il y avait quelque chose, ce serait du domaine privé".
Dieudonné avait esquissé un rapprochement avec Jean-Marie Le Pen pendant la campagne présidentielle, se rendant notamment en novembre 2006 à la fête du FN au Bourget, avant qu'une partie de l'état-major du FN ne s'affiche à l'un de ses spectacles à Paris.
Il avait ensuite soutenu aux législatives Patrick Bourson, ami de Jean-Marie Le Pen et candidat FN dans la Marne.
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Référendum européen: tollé en Irlande après les déclarations "insultantes" de Sarkozy
DUBLIN (AFP) - Un mois après le "non" retentissant des Irlandais au traité de Lisbonne, les propos de Nicolas Sarkozy suggérant de les faire "revoter" ont provoqué un tollé mercredi en Irlande, à quelques jours d'une visite délicate du président français à Dublin.
"Les Irlandais devront revoter et je mettrai le veto à tout élargissement (de l'Union européenne) tant qu'il n'y aura pas de nouvelles institutions", avait déclaré mardi M. Sarkozy selon des députés de son parti l'ayant rencontré dans la journée.
Dans un pays soucieux de son indépendance, où 53% des électeurs ont rejeté le traité de Lisbonne lors d'un référendum le 12 juin dernier, ces quelques mots ont immédiatement provoqué la colère du camp du "non" et l'embarras du gouvernement irlandais.
"Cela illustre bien la nature anti-démocratique de ce qui se passe à Bruxelles", s'est insurgé Declan Ganley, l'un des chefs de file des "nonistes" irlandais.
Même indignation de la part de Sinn Féin, seul parti irlandais à avoir soutenu le "non" le 12 juin, pour qui la position attribuée au président français est "profondément insultante pour le peuple irlandais".
"Au cours du mois qui a suivi le rejet très net du traité de Lisbonne par les électeurs irlandais, nous avons entendu toute une série de dirigeants européens essayer de nous intimider et de nous forcer à faire ce qu'ils veulent", a commenté le porte-parole de Sinn Féin pour les questions internationales, Aengus O Snodaigh.
"Il est important que le président Sarkozy comprenne que le peuple irlandais exige que son vote soit respecté et, plus important encore, que ses inquiétudes soient prises en compte", a-t-il poursuivi, indiquant que son parti avait sollicité un entretien avec M. Sarkozy lors de son voyage en Irlande lundi prochain.
Même le Parti travailliste irlandais, qui a milité pour le "oui", estime que M. Sarkozy a "commis un sérieux faux-pas".
Du côté du gouvernement, la réserve semble de mise.
Selon le quotidien Irish Times, le Premier ministre Brian Cowen, actuellement en visite aux Etats-Unis, s'est employé à minimiser les propos du président français. "Nous devons reconnaître qu'il y a eu de nombreux avis exprimés en Europe sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés après le rejet" du traité, a déclaré le chef du gouvernement, qui avec le "non" irlandais a essuyé une cuisante défaite personnelle, un mois à peine après son arrivée au pouvoir.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin a pour sa part souligné que M. Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, serait en "position d'écoute" lors de sa visite à Dublin.
"Nous n'avons pas l'intention de nous laisser intimider par qui que ce soit", a-t-il prévenu sur une radio irlandaise. "Nous allons étudier cela d'un point de vue irlandais, en fonction de ce qui sert au mieux les intérêts de l'Irlande."
A Paris, le conseiller spécial de M. Sarkozy, Henri Guaino, a tenu à nuancer les propos du chef de l'Etat: organiser un nouveau référendum n'est que "l'une des solutions" envisagées, a-t-il souligné. Et s'ils devaient revoter, les Irlandais le feraient "probablement" sur un texte qui ne serait "pas exactement le même".
Lors de sa visite à Dublin le 21 juillet, le chef de l'Etat "va essayer d'évaluer la situation", a insisté M. Guaino.
Mais pour le chef du Labour, Eamon Gilmore, les déclarations de M. Sarkozy augurent mal d'une réelle volonté d'écoute.
"On nous a fait comprendre que l'une des principales raisons de la visite du président en Irlande la semaine prochaine était de lui permettre d'écouter les positions du peuple irlandais sur ce qui doit être fait", a-t-il rappelé. "Cependant, s'il a déjà arrêté sa décision sur cette question, ça risque d'être une écoute plutôt vaine".
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08/06/2008
Florence Cassez: prise entre mafia, corruption et services secrets israéliens...
MEXICO. - À son arrivée à l'aéroport Benito-Juarez, une voiture blindée aux vitres teintées attendait Frank Berton, avec un chauffeur et un garde du corps. C'est le consul général de France qui l'a voulu ainsi. Dans un pays où la criminalité fait rage, l'affaire Cassez a explosé la semaine dernière avec la parution d'un article sulfureux dans « Proceso », un hebdomadaire d'opposition.
L'avocat français de Florence Cassez était attendu de pied ferme. Trois jours avant son arrivée, Proceso, hebdomadaire de gauche à fort tirage, racontait en quatre pages l'histoire de sa cliente. On y comprenait que Florence ne s'est pas fait que du bien, le soir où elle a mis Edouardo Garcia Luna (ancien directeur de l'AFI, aujourd'hui secrétaire d'État à la Sécurité) dans l'embarras, en dénonçant en direct à la télévision le montage de son arrestation.
Mais il y a pire : ce fameux Eduardo Margolis, dont les policiers parlaient à Florence dès le jour de son arrestation. « Ils disaient qu'il allait me détruire, je ne comprenais pas. » Margolis, réputé proche de la police, proche des gangs, proche du Mossad - le service de renseignements israélien -, est aussi puissant qu'inquiétant. « Il était en affaire avec mon frère Sébastien, ça s'est mal passé. » Florence comprend mieux, aujourd'hui. Ici, personne ne rit de cela : Margolis fait peur.
En plein polar
L'avocat d'Israel Vallarta est d'ailleurs plus catégorique encore que les journalistes : « Il y a la marque de Margolis derrière tout cela. Il cherche à la fois à se venger de Sébastien Cassez et d'Israel Vallarta, qui venait de prendre ses distances avec lui. » On nage en plein polar et tout le monde n'est pas convaincu, ici. En tout cas, Vallarta, après avoir spontanément reconnu dix enlèvements et un meurtre, est revenu sur ses aveux. « Il est aussi innocent que Florence », dit son avocat.
Policiers kidnappeurs
Toute cette histoire est évoquée dans Proceso avec des ombres mafieuses en filigrane, ce qui a considérablement tendu l'ambiance autour de Florence Cassez. Et personne ne semble avoir confiance dans les capacités de la police ou de la justice à rassurer la population. Dans un pays où on a compté cent dix exécutions le mois dernier (dont une demi-douzaine de policiers), les enlèvements se pratiquent au quotidien. « Trois pour cent d'affaires criminelles sont résolues. Sur la totalité des kidnappeurs arrêtés l'an dernier, onze pour cent étaient des policiers, quarante-quatre pour cent l'année précédente », raconte un journaliste mexicain.
Dans la rue, chacun sait que sur les cent mille Coccinelle vertes qui font taxi, dix pour cent sont des pirates. « Si vous tombez sur un de ceux-là, vous avez une chance sur dix de vous faire racketter ou enlever, c'est un véritable business... » Des magistrats eux-mêmes, sous couvert d'anonymat, reconnaissent que leur profession est majoritairement corrompue. « Et parmi ceux qui sont honnêtes, beaucoup ont peur. » Ils pensent ouvertement que le dossier de Florence est « très sensible », que des instructions ont été données, et qu'il faudra aussi compter avec cela. Du fond de sa prison, la jeune Nordiste semble tellement frêle, face à tout cela...
Source: http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Regio...
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De la Princesse de Clèves à Disneyland, ou la nouvelle France façon Sarkozy
À plusieurs reprises, l'actuel président de la République française a publiquement déploré que des candidats à des concours administratifs aient à s'exprimer sur La Princesse de Clèves. Sur cette affaire, je vous invite à lire l'excellent commentaire de l'écrivain Pierre Assouline.
Je voudrais revenir sur La Princesse de Clèves. Ce vague souvenir des années de collège ne serait-il rien de plus qu'un petit roman d'amour écrit par une femme (!) au XVIIe siècle, en des temps barbares où l'on ignorait Eurodisney et les montres Patek ?
La Princesse de Clèves est le premier grand roman psychologique de la littérature française. D'aucuns qualifient ce texte riche de plus de 200 pages de «nouvelle» mais que dire alors des histoires de la romancière contemporaine Amélie Nothomb (une centaine de pages à tout prendre) ?
Il y a, notons-le, quelques similitudes entre Amélie Nothomb et Mme de Lafayette. Fille d'un consul de Belgique, la première accède à la gloire avec un roman, Stupeur et tremblements (1999, Albin Michel), qui évoque un aspect autobiographique dans l'univers exotique d'une entreprise japonaise. La seconde, de petite noblesse, publie à 44 ans, en 1678, sous le règne de Louis XIV à son apogée (traité de Nimègue), une intrigue qu'elle situe un siècle plus tôt, à la cour du roi Henri II et qui reflète avec pudeur ses émois de jeunesse et sa relation amoureuse avec le duc de La Rochefoucauld (l'auteur des Maximes). Le roman comporte d'ailleurs un arrière-plan historique tout à fait intéressant sur la «Cour des Dames».
La Princesse de Clèves met en scène une jeune femme parée de tous les dons, qui s'est mariée par convenance et par affection mais sans amour ni passion à un homme tombé amoureux fou d'elle, au demeurant le plus loyal des hommes. Elle se serait accommodée de cette situation si la passion n'était brusquement entrée dans son coeur avec la rencontre d'un homme plus séduisant qu'aucun autre, M. de Nemours.
C'est une histoire de tous les temps. On pourrait la transporter au XXIe siècle. La Princesse serait un top-model avide de passion et d'engagement. Elle aurait cédé aux avances d'un homme politique hyperactif et ambitieux, en mal de repères affectifs, puis, à un tournant de sa vie, disons, à l'approche de la cinquantaine, son coeur se serait embrasé pour un beau et grand publicitaire blond, cultivé et aimable...
Mais La Princesse de Clèves n'est pas l'apanage des châteaux et des palais... Ce roman, qui s'adressait aux jeunes filles de la noblesse contraintes à des mariages de raison, est d'une singulière actualité en notre temps, en France et en Europe, où l'immigration s'accompagne d'une percée des «mariages arrangés» ou plus simplement forcés.
La Princesse de Clèves parle au coeur des jeunes Françaises aux yeux noirs, qui craignent de devoir s'accommoder d'un mari de convenance, avec plus de vérité que tous les discoureurs de l'Assemblée, du gouvernement et des médias réunis.
Plus important que tout, le roman de Marie-Madeleine de Lafayette, comme quelques autres vieilleries, les fables de La Fontaine ou les comédies de Molière, donne du sens à notre attachement à la langue française. L'introduction de La Princesse de Clèves renferme en soi tout le raffinement de la langue et suffirait à nous convaincre du privilège qui est le nôtre de pouvoir la parler : «La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux...».
Pour les jeunes gens qui n'ont pas eu la chance d'apprendre le français au berceau mais le découvrent sur les bancs de l'école, ces sonorités musicales sont la récompense de leurs efforts. Persévéraient-ils si la langue française se réduisait à quelques borborygmes du genre : «Casse-toi, pauvre c...», «Descends, si t'es un homme !» ou «On y va à donf !» ? Si cela était, ne préféreraient-ils pas s'en tenir à leurs jargon de banlieue ou à la langue de leurs ancêtres ?
L'enjeu politique est primordial, n'en déplaise à ceux qui n'ont d'oreilles que pour les jérémiades des grands distributeurs et des comptables du Trésor. La langue est le substrat de la communauté nationale ; elle fait sa cohésion et sa force. La littérature nous donne accès à un vocabulaire nuancé ; elle nous permet de mieux nous comprendre et, partant, nous évite le recours à l'injure (voir plus haut) et au repli tribal ; elle nous enseigne l'art de vivre ensemble, toutes classes confondues.
Pour ces raisons, de façon prosaïque, les administrations et les entreprises ont tout à gagner de salariés curieux de lire et pétris d'une bonne culture générale, et il n'est pas aberrant que l'on demande à de futurs agents de l'État ce qu'ils pensent de La Princesse de Clèves.
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