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18/01/2010

Afghanistan: les talibans lancent des kamikazes à l'assaut de la présidence

Un soldat afghan près d'un bâtiment en feu dans le centre de Kaboul, le 18 janvier 2010 (Photo Shah Marai/AFP)

Lundi 18 janvier 2010, 09h24
Les talibans ont lancé lundi des kamikazes à l'assaut du palais présidentiel et de ministères au centre de Kaboul, d'où retentissaient de puissantes explosions et des tirs nourris, et au moins 13 personnes avaient déjà été blessées en fin de matinée.

Quatre kamikazes sont morts, deux en actionnant leurs bombes et deux ont été tués par les forces afghanes de sécurité, dans ces attaques, a annoncé le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

"Les objectifs sont le palais présidentiel, les ministères de la Justice, des Finances et des Mines, et la Banque centrale", a déclaré à l'AFP Zabibullah Mujahid, un porte-parole du commandement des talibans, par téléphone depuis un lieu inconnu.

"Vingt de nos kamikazes sont entrés dans la zone et les combats sont en cours", a-t-il ajouté, affirmant qu'un assaillant avait actionné sa ceinture d'explosifs à l'entrée du palais.

Plus de deux heures après une première déflagration et le début des attaques, des journalistes de l'AFP ont entendu une deuxième puissante explosion et les tirs nourris d'armes automatiques n'ont jamais cessé.

Carte de l'Afghanistan (Photo /AFP/Infographie)

Les télévisions afghanes ont montré un centre commercial en feu - attaqué par les talibans selon elles -, les forces de sécurité prenant position autour.

De la fumée s'élevait près d'un deuxième centre commercial à un kilomètre de là, le Gulbahar Centre, proche de l'hôtel Serena et où des tireurs embusqués de l'armée afghane ont pris position.

Une télévision afghane montrait une voiture calcinée avec les restes d'un corps humain.

L'air était saturé d'odeur de poudre et les rues de Kaboul bloquées par les forces de police dans le centre de la capitale.

"Pour l'heure, treize personnes blessées, pour la plupart des civils, ont été évacuées dans nos hôpitaux", a déclaré Ahmad Farid Rahid, le porte-parole du ministère afghan de la Santé.

La police a "tué au moins deux insurgés armés dans le centre commercial après avoir nettoyé le bâtiment", a indiqué l'Otan dans un communiqué.

Les "objectifs" des talibans sont tous concentrés autour de la place Pachtounistan, un quartier hautement protégé et sécurisé en raison de la présence de bâtiments officiels.

Des policiers afghans sur le site où a explosé une roquette, le 15 janvier 2010 à Kaboul (Photo Massoud Hossaini/AFP)

La force internationale de l'Otan (Isaf) a confirmé l'attaque et assuré aider les Afghans à "sécuriser la zone".

Les piétons ont fui ce quartier commercial très fréquenté, après la première explosion, a déclaré à l'AFP au téléphone un commerçant du quartier, Bahram Sarwary. "J'ai vu de la fumée s'élever d'un bâtiment situé près de la Banque centrale et du palais présidentiel et j'ai vu au moins une personne blessée", a-t-il ajouté.

Les attaques étaient relativement rares à Kaboul depuis la chute du régime des talibans fin 2001, mais elles se multiplient ces derniers mois alors que l'insurrection gagne du terrain.

Le 15 décembre, huit personnes avaient péri dans un attentat suicide près d'un hôtel accueillant des étrangers dans le centre de Kaboul.

Et fin octobre, huit personnes, dont au moins cinq employés étrangers de l'ONU, avaient été tuées dans l'attaque par les talibans d'une maison d'hôtes des Nations unies en plein centre-ville.

Les tirs de roquettes ont également connu une recrudescence dans les quartiers résidentiels de la capitale.

L'Afghanistan est en proie à l'insurrection meurtrière des talibans, en dépit de la présence de plus de 113.000 soldats étrangers.

L'année 2009 a été la plus meurtrière depuis la chute du régime taliban en 2001, aussi bien en ce qui concerne les victimes civiles que les forces de sécurité afghanes et internationales.

Source: L'Internaute

17/04/2009

Olivier Besancenot interdit d'entrée à Gaza

Le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NAP) français Olivier Besancenot, en visite au Proche-Orient, a été empêché lundi de se rendre dans la Bande de Gaza, a annoncé son parti.

Selon François Coustal, Olivier Besancenot, qui avait pourtant formulé une demande "relayée par les autorités diplomatiques françaises", n'a pas reçu l'autorisation d'entrer dans le petit territoire palestinien. Il s'est présenté avec plusieurs autres militants français à Erez, le principal point de passage entre Gaza et Israël, mais n'a pas été autorisé à aller plus loin.

Les autorités israéliennes imposent un blocus du territoire de Gaza depuis la prise de contrôle du territoire par le Hamas en juin 2007. AP

05/04/2009

Des soldats israéliens décrivent les atrocités commises à Gaza

El Pais, 20 mars 2009 (Traduit par Xavier Guttierrez, Parti National Français)

" Pas de pitié, nous venons pour vous anéantir " ont écrit les soldats de Tsahal dans les maisons palestiniennes.

Juan Miguel Muñoz, Jérusalem

" Quand on entrait dans une maison, on détruisait la porte et on ouvrait le feu. Cela s’appelle un assassinat. A chaque étage, on tirait sur toutes les personnes que l’on voyait. Je me suis demandé : Comment cela peut-il être raisonnable ? ", explique un militaire israélien. Ceci est un des témoignages publiés par le journal Haaretz sur ce qu’ont vécu les soldats israéliens lors de l’attaque israélienne sur Gaza, qualifiée par Tsahal et le gouvernement de Ehud Olmert d’ " opération ", et considérée par des juges et avocats préparant un dossier d’accusation auprès de la Cour Pénale Internationale comme un crime de guerre.

2472140535-olmert-doute-d-un-accord-de-paix-avec-les-palestiniens.jpgDanny Zamir, directeur de l’académie militaire Isaac Rabin, dont les élèves débattent depuis des semaines sur les expériences vécues lors de l’attaque de Gaza, a déclaré hier que les soldats témoignent de " l’utilisation injustifiée de la force militaire contre les civils palestiniens ". Parmi les 1400 victimes palestiniennes, environ un millier étaient des civils désarmés, et 239 étaient des policiers qui se trouvaient sur leur lieu de travail lors du premier jour de l’agression israélienne. Deux cents trente cinq activistes armés ont perdu la vie lors des combats.

Un autre soldat israélien a révélé qu’un commandant de Tsahal avait ordonné à ses troupes d’abattre une vieille dame qui marchait sur une route à cent mètres de distance des forces israéliennes. Un troisième soldat explique ce qui s’est passé lors de l’attaque d’une maison à Gaza: " Le chef de peloton a laissé une famille s’en aller et leur a dit de partir vers la droite. La mère et ses deux enfants, n’ayant pas compris, sont partis vers la gauche. Un tireur d’élite les a vu s’approcher d’une zone interdite. Il les a abattus ". Ce sous-officier précise que ses hommes sentaient " que la vie des palestiniens avait d’une certaine manière beaucoup moins de valeur que la vie de nos soldats. Ils pouvaient ainsi justifier leurs actions ".

enfants massacrés.jpgLes soldats israéliens ont aussi laissé des messages par écrit. " Pas de pitié, nous venons pour vous anéantir ", " mort aux Arabes ", sont seulement deux des graffiti inscrits par les militaires israéliens dans les bâtiments qu’ils ont occupés et utilisés comme base. De nombreux témoins relatent la manière dont les soldats israéliens détruisaient ordinateurs, meubles, télévisions, appareils ménagers…Les soldats de Tsahal ont également déféqué dans les lave-linges, et laissé des excréments dans les frigos.

Les règles imposées aux soldats durant le combat étaient extrêmement permissives. Tout était fait pour éviter des pertes dans l’armée israélienne, qui par ailleurs est de plus en plus composée par des jeunes d’extrême droite. Les consignes délivrées par les rabbins " de ne pas avoir de pitié " ont également grandement influé sur le comportement des soldats sur le terrain. Tsahal promet – comme d’habitude – d’ouvrir une enquête sur les exactions commises.

" Madame la vice-présidente, ma grand-mère n’est pas morte pour couvrir et justifer le comportement de soldats qui assassinent des grand-mères palestiniennes à Gaza… Les palestiniens sont traités comme des sous-hommes, des déchets…La solution n’est pas la conquête du territoire palestinien, le véritable objectif israélien, qu’Israël ne peut atteindre. Ses dirigeants ne sont pas seulement des criminels de guerre. Ce sont des idiots. " a déclaré à une session du parlement britannique, durant la guerre de Gaza, le député Gerald Kaufmann, qui a été élevé comme un juif orthodoxe et sioniste, a été l'ami de nombreux premiers ministres israéliens, à commencer par Ben Gourion, et dont les parents furent victimes de l’Holocauste.

23/07/2008

Hébron, ville symbole de la colonisation israélienne

A Hébron, en Cisjordanie, se trouve le caveau des Patriarches, lieu doublement sacré. Pour les juifs, c'est le berceau de la religion. Pour eux, mais aussi pour les musulmans, c'est le tombeau d'importants prophètes. Au cœur de la vieille ville, 600 colons juifs sont installés, sous la protection de 2000 soldats. Et au milieu de 170 000 palestiniens.

En général, les journalistes ne sont pas acceptés dans la vieille ville d'Hébron. Trop de symboles. Trop de haine quotidienne. Et pas de témoins.


FRANCE 24 a pu passer plusieurs journées dans la rue Al Suhada. La rue du couvre-feu le plus long de l'histoire de la Cisjordanie. Depuis 2001, la rue est "stérilisée", c'est-à-dire que tous les magasins sont fermés sur décision de l'armée. Pire encore : les Palestiniens ne sont pas autorisés dans toutes les parties de la rue. Pour protéger les colons, les Palestiniens n'ont par exemple pas le droit de marcher devant certaines maisons juives. Au départ, l'armée israélienne avait pris ces mesures pour faire cesser le cycle infernal de violences et de représailles entre les colons et Palestiniens.


Mais le provisoire s'est installé. Et la rue Al Shuhada, ainsi que la Casbah d'Hébron, sont désertes.


Un soldat de Tsahal dans une rue déserte d'Hébron

Depuis quelques mois, la société israélienne prend conscience de l'ampleur des dégâts. Un groupe d'anciens soldats d'Hébron a monté l'organisation "Breaking the Silence" ou "Rompre le Silence". Le but ? Montrer, expliquer, dénoncer. Dire haut et fort que la protection militaire des colons ne vaut pas la peine. Que les colons sont violents et obligent l'armée et l'Etat d'Israël à se mettre dans l'illégalité. Car Hébron est une zone de non-droit, où les soldats passent leur temps à constater les délits des colons sans avoir le droit d'intervenir.


La rue principale d'Hébron vidée d'activités

La police tente d'empêcher Breaking the Silence d'entrer en ville. Arrestations et expulsions sont fréquentes. FRANCE 24 était avec le fondateur de l'organisation quand il a été arrêté et expulsé d'Hébron, malgré l'autorisation de la Cour suprême israélienne. Une autre ONG, B'Tselem, a, elle, choisi "d'armer" les Palestiniens de caméras vidéo. Les habitants d'Hébron peuvent ainsi filmer tous les événements auxquels ils sont confrontés. FRANCE 24 a pu voir les succès, et les limites, de l'opération "Shooting back".

Source: http://www.france24.com/fr/20080711-israel-hebron-symbole...

28/04/2008

Abbas boudera les leaders assistant au 60e anniversaire d'Israël

RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) - Les chefs d'Etat et personnalités internationales assistant le mois prochain au 60e anniversaire de la 369408316.jpgcréation de l'Etat d'Israël ne seront pas reçus en Cisjordanie occupée par le président Mahmoud Abbas et les autres dirigeants palestiniens.

De source autorisée palestinienne, on présentait lundi ce boycottage comme un geste de protestation ponctuel et symbolique destiné à rappeler que, lors de la création d'Israël, 700.000 Arabes avaient fui leurs foyers ou en avaient été chassés.

Les Palestiniens commémorent cet événement sous le nom de la Nakba (La catastrophe) et l'intention est que les visiteurs étrangers "fassent preuve d'un peu plus de sensibilité envers les sentiments du peuple palestinien", a déclaré un responsable de l'Autorité autonome.

1339566858.jpgAu moins six chefs d'Etat sont attendus en Israël pour le 60e anniversaire de l'Etat juif, dont le président américain George Bush, qui doit rencontrer dans la foulée Abbas, une rencontre qui n'est pas remise en cause puisqu'elle doit avoir lieu en Egypte.

Le boycottage palestinien devrait contribuer à rehausser la cote de popularité d'Abbas parmi les 4,3 millions de réfugiés recensés dans les camps de Cisjordanie, Gaza et des pays arabes voisins.

14/08/2007

Les mots biaisés du Proche-Orient

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[Je vous conseille chaudement de lire les dossiers du Monde Diplomatique sur la Palestine, disponibles sur leur site internet. Leur ligne éditoriale, concernant le problème crucial de la Palestine occupée, est étonnante et courageuse, en ces temps d'oppression du lobby sioniste sur les libres-penseurs. Bonne lecture. Clovis]

  

Comprendre le quoi, le où, le quand, le qui et le comment, puis écouter chaque partie sur le pourquoi, tout en séparant bien le fait de l’opinion... N’est-ce pas à cela qu’on reconnaît les journaux de qualité ? Et que promettent les spots promotionnels de CNN, Fox News ou Al-Jazira, si ce n’est l’objectivité ? " We report, you decide " : nous rapportons les faits, vous décidez. Pourtant, après avoir travaillé cinq ans comme correspondant au Proche-Orient, ma conclusion est pessimiste : les journalistes occidentaux ne peuvent pas décrire précisément, et encore moins objectivement, le monde arabe ni le Proche-Orient. Même en suivant à la lettre les règles journalistiques, ils peignent un tableau profondément déformé de la région.

Le problème essentiel tient aux mots utilisés : ceux qu’emploient les journalistes ne signifient rien pour les publics européen ou américain, ou sont compris de manières différentes, ou sont tout simplement biaisés.

Les meilleurs exemples de ces termes inconnus sont les mots " occupation " et " dictature ". Ignorer la nature d’une dictature n’est pas le monopole des intellectuels ou du grand public. Au temps où j’étais correspondant, j’essuyais parfois des réprimandes du rédacteur en chef : pourquoi obtenir un visa pour l’Irak de Saddam Hussein demandait-il tant de temps ? Et pourquoi n’étais-je pas encore allé en Libye ? " Comment ça, pas de visa ? Insiste ! " Ou cette demande faite par un célèbre journaliste d’investigation qui souhaitait avoir les coordonnées des services secrets jordaniens... Ou ce comptable qui me réclamait les reçus pour toutes les personnes que j’avais soudoyées durant mon voyage dans l’Irak de l’ancien dictateur...

Pourtant, le rédacteur en chef, le journaliste d’investigation ou le comptable suivaient l’actualité de très près. Ils lisaient les journaux et regardaient la télévision. Mais à quel moment ces journaux ou ces télévisions expliquent-ils ce qu’est réellement une dictature ?

Le livre que j’ai publié l’été dernier porte sur la peur, la méfiance, le lavage de cerveau, la corruption et la destruction délibérée des ressources propres à chaque personne, de l’amour propre. L’éditeur s’est impliqué personnellement et l’a lu plusieurs fois. Présent à la Foire du livre de Francfort, il en est revenu plein d’entrain : il avait parlé du livre à un collègue égyptien qui était intéressé ; ma percée dans le monde arabe était imminente ! Il était radieux, jusqu’au jour où il lui a été expliqué qu’existait une contradiction dans les termes : une dictature peut-elle autoriser la publication d’un livre qui a précisément pour thème l’odieuse nature de cette dictature ? Même après avoir digéré cent pages consacrées à la culture de la peur sur laquelle s’appuient les Etats policiers, le mot " dictature " était resté, pour lui, une abstraction.

Le mot " occupation " peut-il être, lui aussi, vide de sens pour les lecteurs et les téléspectateurs occidentaux ? Un tel vide expliquerait pourquoi on multiplie les pressions sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle prouve qu’elle " en fait assez contre la violence " alors qu’on ne demande presque jamais aux porte-parole du gouvernement israélien s’ils " en font assez contre l’occupation ". Nul doute qu’en Occident le citoyen sait ce qu’est la menace terroriste, ne serait-ce que parce que les responsables politiques le lui rappellent régulièrement. Mais qui explique aux publics occidentaux la terreur qui se cache derrière le mot " occupation " ? Quelle que soit l’année à laquelle on se réfère, le nombre de civils palestiniens tués en raison de l’occupation israélienne est au moins trois fois supérieur à celui des civils israéliens morts à la suite d’attentats. Mais les correspondants et les commentateurs occidentaux, qui évoquent les " sanglants attentats-suicides ", ne parlent jamais de la " sanglante occupation ".

Si les horreurs quotidiennes de l’occupation israélienne restent largement invisibles, l’" information " provenant des dictatures parvient aux journaux et aux télévisions occidentaux. Se présente alors un second problème : quand les journalistes décrivent les événements, ils empruntent les termes des démocraties. Ils utilisent des mots comme " Parlement " ou " juge ", ils disent le " président Moubarak " plutôt que le " dictateur Moubarak ", et ils parlent du Parti national démocratique alors que celui-ci n’est ni " démocratique " ni un " parti ". Ils citent un professeur d’université du monde arabe, mais oublient d’ajouter que celui-ci est contrôlé et surveillé par les services secrets. Lorsque sur l’écran de télévision apparaissent quelques jeunes gens en colère qui brûlent un drapeau danois dans un Etat policier, ils appellent cela une " manifestation " et non une opération de communication.

Ce qu’il y a de déconcertant, c’est que les correspondants qui se trouvent au Proche-Orient connaissent pertinemment ce que signifie une occupation et une dictature. Ils travaillent et vivent dans des pays arabes et dans les territoires palestiniens, ils y ont des amis, des collègues et des familles qui ne peuvent se fier à aucune règle de droit. Ces amis, ces collègues, ces familles ne sont pas des citoyens mais des sujets, presque sans défense, et ils le savent. Mais comment les publics occidentaux pourraient-ils savoir, savoir véritablement, de quelle manière tourne un tel système ? Surtout quand le vocabulaire laisse penser que les démocraties et les Etats policiers fonctionnent d’une façon quasiment similaire, avec un Parlement, un président et, même, des " élections " ?

Certains mots ne disent rien aux citoyens ordinaires. D’autres évoquent autre chose que ce qu’on a voulu dire. Ils sont intrinsèquement biaisés : quelques minutes de zapping sur les chaînes satellitaires suffisent à le démontrer. Devons-nous dire " Israël ", l’" entité sioniste ", la " Palestine occupée " ? " Intifada ", " nouvel Holocauste " ou " lutte d’indépendance " ? Ce bout de terre est-il " contesté " ou " occupé ", et doit-il être " donné " ou " rendu " ? Est-ce une " concession " quand Israël remplit une obligation figurant dans un traité qui a été signé ? Est-ce qu’il y a " négociation " entre Israéliens et Palestiniens, et si c’est le cas, quelle est la marge de manœuvre des Palestiniens sachant que le terme " négociation " implique des concessions mutuelles entre deux parties plus ou moins égales ?

Il n’y a pas de mot neutre. Quel vocabulaire adopter, alors ? Pas facile d’écrire une dépêche de ce type : " Aujourd’hui en Judée et Samarie/dans les territoires palestiniens/dans les territoires occupés/dans les territoires disputés/dans les territoires libérés, trois Palestiniens innocents/terroristes musulmans ont été éliminés préventivement/brutalement assassinés/tués par l’ennemi sioniste/par les troupes d’occupation israéliennes/par les forces de défense israélienne. " Ou, sur l’Irak : " Aujourd’hui, les croisés sionistes/troupes d’occupation américaines/forces de la coalition ont attaqué des bases de la résistance musulmane/des terroristes/des cellules terroristes ".

La culture occidentale est optimiste : lorsque vous identifiez un problème, vous êtes prié de proposer simultanément une solution. Mais comment sortir de ce marécage linguistique, sauf peut-être à reconnaître plus ouvertement les partis pris et les filtres inévitables de tout travail journalistique, et à mettre un terme à la tromperie de slogans issus du marketing ? Nous rapportons les faits, vous décidez, d’accord. Mais nous décidons ce que vous voyez et comment vous le voyez.

Pourtant, il y a une catégorie de mots pour lesquels les médias occidentaux pourraient faire mieux. Pourquoi un juif qui réclame la terre qui lui a été donnée par Dieu est-il un " ultranationaliste ", alors qu’un musulman qui tient le même raisonnement est un " fondamentaliste " ? Pourquoi un dictateur arabe qui choisit une politique différente de celle des Occidentaux est-il " antioccidental ", alors que cette étiquette n’est jamais appliquée dans l’autre sens ? Imagine-t-on un leader américain qualifié de " radicalement antiarabe " ? Un responsable politique israélien qui croit que seule la violence peut protéger son peuple est appelé un " faucon ". A-t-on jamais entendu parler d’un " faucon " palestinien ? Non, c’est un " extrémiste " ou un " terroriste ". Les responsables israéliens qui croient au dialogue sont des " colombes ". Pourtant, un Palestinien qui choisit la même voie est appelé un " modéré ", ce qui laisse entendre que, bien que la violence soit logée dans le cœur de chaque Palestinien, celui-là est parvenu, grâces en soient rendues à Allah, à " modérer " sa nature profonde. Et pendant que le Hamas " hait " Israël, aucun parti ou leader israélien n’a jamais " haï " les Palestiniens, même quand ces dirigeants profitent de leur fauteuil gouvernemental pour prôner leur expulsion. A moins qu’il ne s’agisse d’un " nettoyage ethnique " ? Ou d’un " déménagement involontaire " ? Ou d’un " transfert " ?

Joris Luyendijk.

 

Source:    http://www.monde-diplomatique.fr/2007/03/LUYENDIJK/14555

08/08/2007

Des soldats refusant d'obéir aux ordres déclenchent une polémique en Israël

Cette article illustre bien le fanatisme religieux ambiant qui règne en Israël et qui domine toute pensée politique dans cet "Etat juif":

 

Par Ron BOUSSO AFP - Mercredi 8 août, 09h24

JERUSALEM (AFP) - Un débat passionné a éclaté en Israël à propos des soldats qui ont refusé mardi de participer à l'évacuation de colons en Cisjordanie, encouragés par leurs familles et l'extrême-droite.

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Une douzaine de soldats sur les conseils de leurs parents et de leurs rabbins n'ont pas obéi aux ordres de leurs officiers et ont été condamnés à un mois de cachot.

Selon les médias, ce genre d'insubordination soutenue par la droite radicale se multiplie.

"Le refus idéologique d'obéir à des ordres d'évacuation de colons n'est plus un phénomène marginal", constate le quotidien libéral Haaretz.

"De plus en plus de rabbins ordonnent à leurs étudiants de refuser les ordres d'évacuation, de plus en plus de personnalités d'extrême-droite soutiennent ces refus, et de plus en plus de soldats religieux ont le sentiment que la population et leur famille sont derrière eux", ajoute le quotidien.

L'armée, par peur que de tels actes de rébellions ne se reproduisent, préfère désormais consigner "des centaines de soldats religieux" à des tâches ménagères plutôt que les envoyer sur des missions d'évacuation, rapporte mercredi la journal Maariv.

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, le soldat le plus décoré du pays, a prévenu que le refus d'obéissance affaibli un pays où le service militaire est obligatoire pour les hommes et les femmes.

"Tout pays qui veut vivre ne peut avoir qu'une seule armée. Les soldats reçoivent des ordres de leurs commandants et de personne d'autre", a-t-il affirmé.

Mais ceux qui soutiennent les soldats réfractaires les présentent comme des héros et affirment que d'autres refus d'obéissance auront lieu.

"Je suis heureux de ce que mon fils a fait", lance Avner Cohen, père de l'un des soldats condamné au cachot.

"Il a payé le prix de l'expulsion scandaleuse de juifs de la terre d'Israël", ajoute t-il. La famille Cohen a vécu dans une colonie de la bande de Gaza jusqu'au retrait israélien de cette région en 2005 après 38 ans d'occupation.

"Le rôle de l'armée est de protéger les habitants d'Israël, non pas d'expulser les juifs", lance t-il.

Aryeh Eldad, un député d'opposition d'extrême-droite, a affirmé lundi que le refus d'obéissance constitue "un message au gouvernement afin qu'il sâche que s'il utilise les soldats pour expulser les Juifs, il se retrouvera sans armée".

Les deux familles qui ont été expulsées mardi font partie des colons installés dans une centaine de colonies sauvages disséminées en Cisjordanie et qu'Ehud Olmert a promis de faire évacuer.

De nombreux soldats religieux sont proches des mouvements d'extrême-droite et résident souvent eux mêmes dans des colonies.

Ces soldats sont ainsi très nombreux dans les unités d'élite. Lors du retrait de la bande de Gaza, certains d'entre eux avaient déjà refusé de participer à l'évacuation des colons installés dans cette région.

"La Bible est au-dessus des lois de l'Etat d'Israël", explique à l'AFP le rabbin Yishai Babed qui réside en Cisjordanie.

"Expulser des gens de leur maison contredit les enseignements de la Bible", ajoute-t-il.

Un aumônier de l'armée David Stav, rejette cette position. "Dire que les ordres donnés aux soldats contredisent la Halakha (la loi religieuse juive) c'est aller trop loin", déclare-t-il à l'AFP. "Si c'était le cas, l'armée devrait être immédiatement démantelée", poursuit-il.

Avshalom Vilan, député du parti d'opposition de gauche Meretz met, lui, en garde contre une politisation de l'armée qui risque de provoquer sa paralysie.

"Des soldats de gauche vont refuser de défendre les colonies, les soldats de droite vont refuser de les démanteler", prévient-il.