Reprise d'article: 9 décembre 2008
Eric Zemmour a affirmé, le 13 novembre 2008 sur la chaîne Arte dans un débat intitulé « Tous métis », que les races existent et qu’elles sont reconnaissables « à la couleur de peau ».
Face au tollé médiatique, un internaute a appelé un grand biologiste à la rescousse, Luigi Luca Cavalli-Sforza, père du programme de recherche sur la diversité du génome humain, et a envoyé ses commentaires au site Agoravox qui les a mis en ligne comme si de rien n’était.
Dans un livre-référence intitulé « L’Histoire et la Géographie des gènes humains », ce professeur à Stanford a étudié 120 allèles différents - un allèle est une variation génétique qui correspond à une caractéristique héréditaire. Dépassant la couleur de peau le biologiste a cartographié la « face cachée » du patrimoine génétique. L’étude confirme en tout point qu’au-delà de l’apparence physique, la notion de race ne s’effrite pas mais qu’au contraire elle se précise, les Africains et les Européens apparaissant, selon cette étude, très éloignés.
Et d’ailleurs, aux Etats-Unis les médecins prescrivent souvent des médicaments différents aux Afro-Américains et aux Européens car leurs organismes ne réagissent pas de la même façon.
Mais chut ! Big brother veille!
La diatribe prenant un peu trop d’ampleur, Agoravox, pour éviter ces vérités dérangeantes, s’est rapidement autocensuré en retirant l’article, pourtant rédigé en termes scientifiques. Le site <françoisdesouche> l’a repris (*). Et Polémia a trouvé utile de vous faire connaître cet article censuré.
« Au-delà de la couleur de peau »
Eric Zemmour a déclenché un orage en affirmant sur la chaîne Arte que les races existent, qu’elles sont reconnaissables « à la couleur de peau », et en disant à son interlocutrice Rokahya Diallo : « J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire ».
Les réactions ont fusé de tout bord, majoritairement négatives, mais curieusement personne (ou presque) n’a abordé le fond du problème : la question de l’existence des races.
Eric Zemmour lui-même a concédé l’unité de l’espèce humaine. Les races doivent donc, logiquement, être définies comme des sous-groupes.
Au XIXe siècle les scientifiques cherchaient ces traits héréditaires principalement parmi les caractéristiques visibles : la couleur de peau, les dimensions de la boîte crânienne, la forme des yeux, l’apparence physique en général. Aujourd’hui encore on parle bien de « minorités visibles », ce qui prouve que cette approche n’est pas morte… de l’espèce humaine. Sur quelle base peut-on délimiter ces sous-groupes ? Sur la base de l’homogénéité génétique. Deux individus seront considérés comme faisant partie de la même race s’ils ont suffisamment de traits héréditaires en commun.
Mais peut-on aller au-delà des apparences ? Les apparences sont parfois trompeuses, et la vérité est souvent cachée.
C’est ici que la biologie moderne vient à notre rescousse. Il est maintenant possible d’identifier précisément certains éléments du patrimoine génétique qui étaient invisibles à l’œil nu. C’est la tâche immense qu’a entreprise le grand biologiste italien Luigi Luca Cavalli-Sforza, membre de l’Académie des sciences, professeur à l’Université de Stanford et père du programme de recherche sur la diversité du génome humain.
En 1994 il a écrit avec deux de ses collègues un livre-référence sur ce sujet intitulé : « The History and Geography of Human Genes » (L’histoire et la géographie des gènes humains). Dans ce livre, il étudie 120 allèles différents – un allèle est une variation génétique qui correspond à une caractéristique héréditaire. Cette nouvelle approche nous permet donc de dépasser la couleur de peau pour enfin cartographier la « face cachée » du patrimoine génétique, qui est tellement plus riche.
Cavalli-Sforza se fonde sur la notion de distance génétique. Plus cette distance est grande entre deux individus, plus leurs caractéristiques héréditaires sont différentes. Par exemple, si on ne regardait que la couleur de la peau, on dirait que la distance génétique entre Eric Zemmour et Rokhaya Diallo est très grande. Mais cette distance génétique est bien plus fiable si, au lieu d’une seule caractéristique visible (la couleur de la peau), on la calcule à partir de 120 allèles invisibles à l’œil nu. C’est là la grande contribution de Cavalli-Sforza.
Les prélèvements qu’il a réalisés partout dans le monde l’ont conduit à diviser l’espèce humaine en 9 « sous-groupes ». Deux individus qui sont dans le même « sous-groupe » ont tendance à être génétiquement proches ; ceux qui sont dans des « sous-groupes » différents ont (en moyenne) des patrimoines héréditaires plus éloignés l’un de l’autre.
Est-ce que ces sous-groupes nous réservent des surprises ? Est-ce qu’ils mettent dans le même sac des populations qui au XIXe siècle – sur la base des apparences – auraient été considérées comme de races différentes ? Est-ce que la distance génétique entre Rokahya Diallo et Eric Zemmour est assez faible pour que, sans le savoir, ils appartiennent à la même race ?
Eh bien non. Regardez les 9 « sous-groupes » identifiés par Cavalli-Sforza à partir de ses 120 allèles invisibles :
1. Papous de Nouvelle-Guinée et Aborigènes d’Australie ;
2. Habitants des îles du Pacifique (Polynésiens, Canaques de Nouvelle-Calédonie, etc.) ;
3. Habitants du Sud-Est asiatique (Khmers, Thailandais, Indonésiens, Malais, Philippins…) ;
4. Asiatiques du Nord (Mongols, Tibétains, Coréens, Japonais, Chinois du Nord) ;
5. Peuples de l’Arctique ;
6. Indiens d’Amérique (du Nord, centrale et du Sud) ;
7. Européens blancs ;
8. Caucasoïdes non-européens (Nord-Africains, habitants du Proche-Orient, Iraniens, Indiens, Pakistanais, etc.) ;
9. Africains.
Voici l’arbre des distances génétiques :
Il est évident du premier coup d’œil que ces « sous-groupes » habitent dans des zones géographiques distinctes. De plus, leurs caractéristiques physiques sont relativement différentes les unes des autres. Ce classement est très similaire au classement en « races » développé – sur la base de traits morphologiques – par les savants du XIXe siècle.
C’est une confirmation indépendante et remarquable. Quand on utilise des outils modernes qui permettent de voir au-delà de l’apparence physique, la notion de race ne s’effrite pas, au contraire elle se précise.
Si le regroupement sur la base des apparences et celui sur la base du génome humain donnent des résultats similaires, c’est parce que les deux types de différences ont la même cause. Cette cause, c’est l’isolement (relatif) dans lequel certains groupes humains ont pu vivre et se reproduire pendant de longues périodes de l’histoire de l’humanité, c’est-à-dire depuis que nous nous sommes différenciés des singes. Cet isolement entre grands groupes humains a été suffisamment long et étanche pour produire des différences héréditaires identifiables à la fois à l’œil nu, et par les techniques scientifiques les plus poussées. La couleur de la peau n’est donc que la partie émergée de l’iceberg des différences génétiques entre les races.
On trouvera la page blanche censurée du site Agoravox à l’adresse suivante :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=47757
(*) http://www.fdesouche.com/articles/12538
Correspondance Polémia