17/11/2009
Jacques Marseille: "La France de Sarkozy est à poil"
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05/04/2008
Le dérapage des déficits français inquiète la zone euro
BRDO, Slovénie (Reuters) - Les partenaires européens de la France l'ont sommée de lui fournir des détails sur ses intentions en matière de réduction des déficits, dont l'ampleur actuelle ne laisse pas de les inquiéter.
La France, qui avait prévu de ramener son déficit français à 2,3% du PIB en 2008, vise désormais un objectif de 2,5% en raison du ralentissement économique, mais devra pour cela procéder à une cure d'amaigrissement de l'Etat.
Tous les économistes interrogés par Reuters estiment que même ce chiffre, qui ferait déjà de la France le cancre de la classe euro, ne pourra être atteint et que la barre fatidique des 3% du PIB pourrait être dépassée en 2008.
Quant à l'objectif français de parvenir à l'équilibre des finances publiques en 2O12 - au lieu de 2010 comme décidé par l'Eurogroupe -, il paraît de plus en plus compromis.
La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, s'est montrée confiante à Brdo.
"Les engagements qu'on prend vis-à-vis de nos partenaires européens, c'est d'être sur la ligne de 2,5% (en 2008) et on maintient la trajectoire de 2012 et il n'est pas question d'aller au-delà de 3%", a-t-elle dit vendredi.
Mais ses partenaires européens se montrent circonspects.
"LA PRÉOCCUPATION EST LÀ"
La Commission européenne, comme à son habitude, reste prudente sur des mesures qui viennent à peine d'être annoncées, mais a exigé des précisions des autorités françaises.
"Pendant les prochains jours, bien entendu, j'aurai des discussions avec Mme Lagarde, en fait plus particulièrement pour préparer la présidence française (de l'UE, au second semestre de 2008), mais j'espère avoir l'occasion d'apprendre de sa bouche plus de détails", a dit Joaquin Almunia, commissaire aux Affaires économiques et monétaires, lors d'une conférence de presse.
Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, s'est montré plus abrupt: "On a demandé des détails sur les mesures et le calendrier de mise en oeuvre. Mais la préoccupation est là."
Le grand argentier belge, dont le pays présente un budget en équilibre, a rappelé une règle d'or en matière de déficits.
"Un déficit, ça se creuse très facilement, mais ça se résorbe très difficilement", a-t-il expliqué à Reuters.
La France, a-t-il dit, part de 2,7% de déficit en 2007 et, au rythme où vont les choses, "il lui faudra 27 ans pour revenir à l'équilibre", a-t-il ironisé. "Quand on part de 2,7%, on est quand même très proche de la barre des 3%".
La France ne respecte pas son engagement de réduire son déficit de 0,5% du PIB par an, a-t-il poursuivi.
"La tendance doit être plus nette", a indiqué Reynders, qui a rappelé que Nicolas Sarkozy avait pris un "engagement très fort" en juillet dernier en assurant que la France serait au rendez-vous de 2012. "L'objectif n'est pas respecté."
MANSUÉTUDE?
Il reste à savoir si les autorités françaises bénéficieront encore de la mansuétude de leurs partenaires européens.
La situation est en effet totalement différente de ce qu'elle était en 2003, lorsque le pacte de stabilité de l'euro a été mis entre parenthèses pour donner aux pays qui dépassaient le seuil de 3% du temps pour rentrer dans les clous.
L'Allemagne, qui était à l'époque dans la même barque que la France, dégagera cette année un excédent de 10 milliards d'euros et tous les pays font des efforts importants pour respecter leurs engagements de réduction des déficits budgétaires.
Mais les partenaires de Paris hésitent à entrer dans une confrontation avec la France alors que ses réformes sont saluées et qu'elle va assumer dans quelques mois la présidence de l'UE.
"Cela ne fait aucun sens de réagir de manière excitée à chaque commentaire", a sobrement dit le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, tout en maintenant l'objectif 2010.
En février dernier, cette obligation avait déjà été atténuée par les ministres des Finances de la zone euro, qui avaient décrété que l'échéance de 2010 devrait être respectée "si les conditions cycliques le permettent", c'est-à-dire si la croissance économique dépasse 3% du PIB par an, un scénario écarté par les économistes de la Commission européenne.
Ces derniers prévoient au mieux une croissance de 1,7% pour la France en 2008 et cette estimation devrait être revue à la baisse lors des prévisions qui seront présentées fin avril.
La Commission hésite également à adresser à la France une "avertissement précoce", ce qu'elle pourrait pourtant faire.
Le contexte politique ne s'y prête guère, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ayant besoin du soutien de la France pour un nouveau mandat en 2009, explique-t-on de source diplomatique.
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