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04/09/2007

L'ex-juge Eva Joly compare Nicolas Sarkozy à Silvio Berlusconi

PARIS (Reuters) 4 sept 2007 - L'ancienne juge d'instruction Eva Joly critique violemment les projets de Nicolas Sarkozy de "dépénaliser" la vie économique et d'interdire dans ce domaine l'ouverture d'enquêtes pénales sur le fondement de lettres anonymes.

e271e4c8646ac24701564adfbf9e0a25.jpg"Il me semble que les valeurs que dessine le président Sarkozy ne sont pas celles de la France que j'aime. Les méthodes qu'il suggère sont celles de M. Berlusconi. Pour moi, c'est un extraordinaire et étrange choix que de choisir de soutenir les délinquants contre les victimes", a-t-elle dit dans un entretien diffusé mardi sur France Info.

La magistrate, qui a quitté Paris en 2002 pour devenir conseillère du gouvernement norvégien, fait un parallèle entre le projet du chef de l'Etat concernant les entreprises et son idée de permettre des procès pour les criminels déclarés irresponsables.

"Je ne comprends pas un pays qui responsabilise ses enfants et ses fous et irresponsabilise ses élites et cela me paraît une grave erreur et surtout une absence de compréhension de ce que veut dire la criminalité organisée et économique", a-t-elle dit.

Dans un discours vendredi devant l'université d'été du syndicat patronal Medef, le président de la République a annoncé son intention de faire interdire l'ouverture d'enquêtes pénales sur le fondement de lettres anonymes et son souhait de "dépénaliser" la vie économique.

Les chefs d'entreprise réclament depuis longtemps une réforme du délit "d'abus de biens sociaux" (le détournement de fonds au sein des sociétés).

"Dire que ce n'est pas grave de présenter des comptes inexacts ou de ne pas respecter la différence entre sa propre poche et la poche de l'entreprise, c'est grave. Le droit pénal, il ne faut pas l'oublier, protège les victimes", a dit l'ancienne magistrate.

Quant à l'interdiction pour les juges d'utiliser les lettres anonymes, elle la qualifie de "grave erreur", en rappelant que l'Onu et l'OCDE demandent à leurs membres de légiférer pour protéger les témoignages anonymes.

Eva Joly a notamment instruit l'affaire visant la société pétrolière Elf, utilisant parfois des lettres anonymes lorsqu'elles était confirmées par d'autres éléments. Le dossier s'est soldé par de lourdes peines de prison pour les dirigeants de cette société, reconnus coupables de détournements de fonds évalués à plusieurs centaines de millions d'euros.

 

 

12/07/2007

Frégates de Taïwan : à l’Est, du nouveau !

par Philippe, d'Agoravox (reprise d'article)

Alors que la justice française, bloquée par le maintien durable de l’archaïque «secret-défense», bien pratique pour dissimuler certains secrets inavouables, a annoncé avoir clos l’instruction (mai 2007), à l’Est, il y a du nouveau: à Taïwan, les choses bougent, et vite, dans l’affaire des frégates Lafayette...

 
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Le dossier bouge d’abord parce que Taïwan est en année pré-électorale et que, comme dans de nombreuses démocraties, les périodes qui précèdent les scrutins importants, tant pour le gouvernement actuel que pour ses opposants, sont des moments où la tendance est au retour sur le devant de la scène publique des « dossiers » qui peuvent nuire aux adversaires politiques. Et qui peuvent aussi toucher, par ricochet... la France  !

Taïwan : documents, arguments et remboursements

Le dossier remue d’autant plus que Taïwan a vu plusieurs livres, fouillés et documentés, être publiés en mandarin depuis quelques temps (lien bibliographique- en mandarin- à la fin de cet article pour les lecteurs qui veulent en savoir plus sur le sujet-NDLA). Curieusement, tant la justice française que les médias nationaux n’ont pas manifesté d’intérêt pour ces sources potentielles d’informations. Cette absence de curiosité serait, selon certains esprits caustiques, due à un manque de traducteurs qualifiés...

Bien sûr, la dernière nouvelle officielle, bonne pour Taïwan, est l’information venue de Suisse le 13 juin dernier. Ce jour, la presse indiquait que la Confédération helvétique avait remis au Trésor public taïwanais la somme de 34 millions de dollars, avec l’accord des deux titulaires des comptes bancaires privés, ainsi partiellement vidés.

Les deux personnes en question, de nationalité taïwanaise, seront jugées, en échange de leur bonne volonté, avec équité - comprendre : avec mansuétude si elles continuent à nourrir l’enquête taïwanaise - par la justice de leur pays, ceci en application de l’accord passé avec la justice bernoise. Il est à noter que Taïwan poursuit fermement sa procédure en Suisse pour récupérer 490 millions de dollars que les autorités de Taipei estiment provenir de commissions occultes liées aux contrats de vente de frégates françaises Lafayette à la marine taïwanaise.

Visiblement, comme l’accord intervenu pour ce premier remboursement l’atteste, les autorités taïwanaises semblent avoir d’excellentes informations sur les pistes à suivre pour récupérer, très légalement, leur argent. La presse française a peu épilogué, c’est le moins que l’on puise dire, sur ces « remboursements » sur fonds privés bancaires en Suisse, une pratique assez peu courante au pays du secret bancaire !

Et pourtant, elle avait de quoi s’y intéresser : c’est le signe concret que les enquêteurs taïwanais, patients, discrets, tenaces, et disposant de technologies de pointe dont leur pays est un grand producteur et inventeur, ont réussi à « décoder », identifier les noms des bénéficiaires des sommes dont Taïwan soupçonne qu’elles ont été détournées à son détriment !

C’est aussi la preuve irréfragable que les Taïwanais ont en mains de très bons arguments documentés pour convaincre certains « bénéficiaires » choisis, les maillons faibles du groupe, de coopérer avec eux pour le futur et dans leur propre intérêt bien compris.

Et que ces « arguments » aient aussi été validés de facto par la justice suisse, pourtant sourcilleuse quand on touche à ses banques aurait pu et dû retenir l’attention des médias français !

« Etouffée » à Paris, l’affaire rebondit par Taipei

En France, le « secret-défense », arme de dissimulation massive de la vérité due aux citoyens, sans lien aucun ici avec la sécurité du pays, a rempli son office très politique : empêcher la justice de la République de connaître les faits et d’établir les délits potentiels ainsi que d’identifier leurs possibles auteurs.

Mais, pour autant, l’affaire, si elle est ainsi "étouffée" par manque de sources d’informations libres en France, est toujours en cours à Taipei, où, de plus, la corruption est et sera un thème majeur, un enjeu décisif, des élections de 2008. C’est dire si la transaction intervenue en Suisse et annoncée le 13 juin dernier devrait être appréciée par les diverses autorités françaises responsables avec plus d’objectivité et de sens de la réalité politique internationale.

Formulons ici une hypothèse d’école, bien évidemment, comme on le dit pour les récits d’imagination, indépendante de tout fait réel ou même probable :

Imaginons que, contournant un « secret-défense » français qui ne les concerne pas, des médias taïwanais aient reçu et, après authentification, diffusent à la presse mondiale, dans le contexte d’affrontements électoraux internes acharnés, des documents, par exemple, des listes de noms connus en France. Le tout avec des numéros de comptes bancaires correspondants en Suisse ou ailleurs, avec leurs montants dans la colonne « solde créditeur ». Que se passerait-il alors ?

Sans déborder d’originalité, on pourrait penser que le scandale serait retentissant, surtout s’il touchait des personnalités de tous bords politiques... Et que le gouvernement en place serait bien « ennuyé » sur le plan international, mais aussi intérieur.

Bien sûr, ceci est une pure fiction, fort morale du point de vue des citoyens, quoi que...

Voici quelques jours, je parlais de ce dossier des frégates Lafayette avec une personnalité « informée », comme on dit, des milieux économiques taïwanais. Au cours de la discussion, cette personne, qui fait partie de ce qu’on appelle « le gratin » de Taipei, me dit, d’un air détendu : « Bien sûr que nous savons bien plus de choses que ce que nous disons, nous savons presque tout sur cette affaire ».

Chose instructive, cette personne a travaillé de nombreuses années en liaison avec son gouvernement sur de nombreux contrats « sensibles », y compris d’armements. Elle est aussi réputée pour sa discrétion professionnelle et sa sobriété d’expression. Sa déclaration n’en est que plus indicatrice.

Taïwan piste les bénéficiaires de l’affaire

Il serait donc peut-être temps que certains comprennent, à Paris, que le feu étouffé ici et maintenant peut rejaillir plus fort et ailleurs, causant alors des dégâts destructeurs sur le plan politique.

Un magistrat français, qui semblait très au fait du dossier, s’était un jour exclamer, pour résumer : « cette affaire des frégates est une bombe politique qui n’explosera jamais ». Son cri était manifestement une reconnaissance des réalités françaises qui lui étaient familières.

Il oubliait un « détail » non français : Taïwan est un petit pays, qui a besoin de reconnaissance, qui entend vraiment récupérer son argent volé, qui veut que sa dignité nationale soit respectée et que certains gouvernements cessent de le mépriser. Et qui a des élections essentielles en 2008 !

La phrase de ce magistrat est peut-être vraie pour la France... Mais , nous sommes à l’heure de la mondialisation, des intérêts contradictoires, y compris pour les enquêtes et l’information !

Le mot de la fin restera à la personnalité taïwanaise citée plus haut, bien au fait de ce dossier, qui m’a affirmé sans ostentation ni forfanterie, dans un français parfait : «  Le jour où Taïwan parlera, Paris tremblera ». Et cela ressemblait bien à une prédiction sereinement exprimée et assumée...

 

Source:  Agoravox: http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=26609


Petite bibliographie publique - en chinois- pour s’informer plus avant sur l’affaire des frégates : suivre le lien et aller en bas de la page d’accueil, un large éventail vous y attend : http://www.books.com.tw/exep/prod/booksfile.php ?ite...

On peut y acheter les livres en ligne en utilisant la langue anglaise.