27/10/2016
Hillary Clinton et le lobby judéo-sioniste (Rivarol)
Aujourd’hui tout le monde (occidental) le sait, pointer du doigt, non ! simplement évoquer du bout des lèvres l’existence même d’un lobby juif ou tout simplement sioniste (ce qui revient au même), revient à s’exposer à de douloureux châtiments. En ce moment même, le candidat à la primaire des Républicains Jean-Fréderic Poisson, en fait la douloureuse expérience. Si la plus grande ruse du Diable est de faire croire qu’il n’existe pas, celle du lobby juif aura été d’interdire qu’on le nomme.
Cet énième épisode mettant en évidence l’extraordinaire puissance de ce lobby aux Etats-Unis et en France, est l’occasion pour nous d’apporter les preuves de l’influence du lobby judéo-sioniste sur la classe politique américaine et d’expliquer quand et comment Hillary Clinton a été soumise par ce lobby.
L’OMNIPOTENCE DU LOBBY JUDÉO-SIONISTE AUX ETATS-UNIS
L’essai sur les groupes de pression sionistes aux États-Unis de deux prestigieux universitaires, John J. Mearsheimer et de Stephen M. Walt, démontre abondamment qu’un puissant lobby pro-israélien pousse depuis les années 1940 l’Amérique à apporter un soutien polyvalent, militaire, économique, politique et diplomatique, à l’Etat d’Israël, et cela au-delà de toute raison et de toute proportion, et le plus souvent contre les intérêts même des Etats-Unis — à titre d’exemple, de 1948 à 2005, l’assistance directe, économique et militaire fournie par les Etats-Unis à Israël atteint les 154 milliards de dollars (en dollars constants).
L’étude de Walt et Mearsheimer démontre en outre que la relation des États-Unis avec Israël, depuis la défaite de l’Allemagne, a évolué vers une indécente soumission de l’Oncle Sam à l’égard de son allié. Mitchell Bard, directeur d’une société de coopération américano-israélienne, et Daniel Pipes, journaliste néoconservateur juif américain, ont à ce sujet déclaré : « D’un certain point de vue, les États-Unis et Israël entretiennent peut-être la relation la plus extraordinaire de l’histoire de la politique internationale ».
Mais cette relation qu’entretiennent Israël et les États-Unis nuit gravement à ces derniers, comme elle a nui naguère à la Grande-Bretagne qui a été entraînée dans l’épopée sioniste en Palestine à partir de la Première Guerre mondiale jusqu’en 1948. Walt et Mearsheimer relèvent les faits suivants : « De nombreuses décisions prises au nom d’Israël compromettent aujourd’hui la sécurité nationale des États-Unis. Le soutien sans bornes à l’Etat hébreu ainsi que l’occupation israélienne prolongée des territoires palestiniens alimentent l’anti-américanisme dans le monde arabo-musulman, renforçant la menace du terrorisme international et compliquent la tâche de Washington lorsqu’il s’agit de traiter d’autres problèmes tels que le programme nucléaire iranien. Etant donné l’impopularité des États-Unis au Proche-Orient aujourd’hui, les dirigeants arabes qui, en temps normal, auraient partagé les objectifs américains ne sont pas pressés de nous apporter ouvertement leur soutien, une situation qui réduit nos marges de manœuvre dans la région. Cette situation, qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire américaine, est principalement due aux activités du lobby pro-israélien. Même si d’autres groupes d’intérêts particuliers — des lobbies représentant les Américains d’origine cubaine, irlandaise, arménienne ou indienne — ont réussi à orienter la politique étrangère américaine selon leurs vœux, aucun lobby n’a détourné cette politique aussi loin de l’intérêt national des États-Unis. Le lobby pro-israélien est notamment parvenu à convaincre de nombreux Américains que les États-Unis et Israël avaient les mêmes intérêts. Or, rien n’est plus faux ».
Ils ajoutent plus loin que le lobby pro-israélien, en plus d’exercer une grande influence sur les décisions politiques prises aussi bien par les administrations démocrates que républicaines, a encore plus de pouvoir sur le Congrès. Le journaliste Michael Massing rapporte les propos suivants d’un membre de l’AIPAC : « On peut compter sur une bonne moitié des députés — 250 à 300 membres — pour agir conformément aux vœux de l’AIPAC ».
Le Center for Responsive Politics, groupe de recherche indépendant qui recense les contributions de campagne, a identifié une quarantaine de comités d’action politique pro-israéliens — qui agissent pour la plupart dans la plus grande discrétion si ce n’est secrètement — et rapporte que ces organismes ont financé des campagnes électorales de la Chambre des représentants en 2006, à hauteur d’environ 3 millions de dollars. Walt et Mearsheimer précisent que cette étude omet d’inclure les contributions personnelles et minimise le rôle proprement dit du lobbying pro-israélien.
En 1997, le magazine Fortune a demandé aux membres du Congrès et à leur personnel de recenser les lobbies les plus puissants de Washington, l’AIPAC, le principal lobby pro-israélien, arrivait en deuxième position, derrière l’AARP défendant les intérêts des retraités, ce dernier n’ayant évidemment aucune influence sur la politique étrangère américaine. Une étude du National Journal réalisée en mars 2005 est arrivée à la même conclusion.
Le lobby pro-israélien, en sus de financer les campagnes des membres du Congrès, empêche ceux d’entre eux qui ne sont pas pro-israéliens d’être élus ou réélus. Si un membre du Congrès a le malheur de n’être pas favorable à la politique israélienne ou d’être simplement neutre par rapport au conflit israélo-palestinien, il perd par magie ses financements et le lobby présente contre lui un candidat qui lui est soumis.
Au sujet de l’AIPAC, l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a de son côté déclaré : « Il est étonnamment efficace et meilleur que quiconque en termes de lobbying dans cette ville (Washington) », et l’ancien orateur (speaker) de la Chambre des représentants Newt Gingrich en a dit : « C’est le groupe d’intérêts le plus efficace de toute la planète ».
Le lobby pro-israélien prend aussi soin de faire élire des présidents pro-israéliens via notamment le financement des campagnes électorales. L’ancien président des États-Unis, Jimmy Carter (de 1977 à 1981) porta ce jugement définitif : « Partout où il y aura une collecte de fonds politique importante dans ce pays, on s’apercevra que les Juifs américains ont joué un rôle considérable ».
Voici des chiffres — rapportés par Hamilton Jordan (homme politique américain et chef de cabinet de la Maison-Blanche durant le mandat de Jimmy Carter) — qui témoignent de cette situation : sur les 125 membres du Democratic National Finance Council, plus de 70 sont juifs ; en 1976, plus de 60 % des gros donateurs au parti démocrate étaient juifs ; plus de 60 % de l’argent recueilli par Nixon en 1972 provenaient de donateurs juifs ; plus de 75 % de l’argent collecté lors de la campagne de Humphrey en 1968 provenaient de donateurs juifs ; plus de 90 % de l’argent récolté par Scoop Jackson lors des primaires démocrates provenaient de donateurs juifs.
Le Washington Post rapporte pour sa part : « il faut que l’argent versé par les sympathisants juifs constitue 60 % de l’argent provenant de sources privées pour qu’un candidat démocrate à la présidence ait une chance de l’emporter ».
Il va donc de soi que chaque candidat doit séduire les donateurs juifs et le lobby pro-israélien si il veut avoir une chance de mettre les pieds à la Maison-Blanche.
Walt et Mearsheimer mettent en évidence que le lobby sioniste aux États-Unis a connu une montée en puissance progressive mais continue depuis la nomination sous influence en 1917 de l’avocat Louis D. Brandeis — descendant d’une famille frankiste — à la Cour suprême ; lui et le rabbin Stephen Wise ont pesé sur les décisions du président Woodrow Wilson, que ce soit pour l’entrée en guerre de l’Amérique (durant la Première Guerre mondiale) ou afin qu’il soutienne la Déclaration Balfour — un procédé semblable ayant été employé pour pousser le président Truman à reconnaître l’État d’Israël en 1948. […]
Jean TERRIEN
Octobre 2016
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Commentaires
- John J. MEARSHEIMER et Stephen M. WALT. Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine. LA DECOUVERTE. Note de lecture de nos amis de Polémia du 6 septembre 2013.
Écrit par : Coriolan | 28/10/2016
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