« Nous n’avons aucune idée de l’origine du crash et nous risquons de ne jamais rien savoir », confiait mardi 2 juin au matin à Bakchich un conseiller de la direction d’Air France.
Effectivement, rien ne montre aujourd’hui que la compagnie ait la moindre part de responsabilité dans cette tragédie.
Pour autant, dès les premières heures, la direction de la communication d’Air France ne pouvait s’empêcher d’évoquer « la foudre » comme cause probable de l’accident. Avant de faire brutalement marche arrière devant l’incrédulité des spécialistes face cette explication unanimement jugée un peu courte.
En 1992, immédiatement après le crash du Mont Saint Odile (87 morts), la direction d’Air Inter avait, elle, évoqué « la météo » pour expliquer un accident qui nécessitera pas moins de 14 années d’instruction judiciaire ( !) avant qu’une vérité officielle (très contestée) ne soit établie.
Selon un principe solidement établi dans notre espace aérien, ni le constructeur, ni la compagnie aérienne ne sauraient jamais être mis en cause en cas de catastrophe. Sont-ils infaillibles pour autant ?
A l’évidence non, comme le prouve le rapport interne que nous publions. Réalisé en juin 2006 par la Direction générale des opérations aériennes,, ce rapport répondait à une série d’incidents graves et pour la plupart ignorés du grand public.
Au terme de cet audit, les rapporteurs concluaient que « Air France est particulièrement exposée aux risques aériens du fait des particularités de son réseau, de l’architecture de sa base principale et enfin de son histoire récente ».
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Air France, pas si sûre
Ils pointaient en outre que « des faiblesses importantes en terme de formation, d’appropriation réelle et concrète et de capacité d’évaluation de ces facteurs humains, ont été observées dans la population PNT comme d’ailleurs dans toutes les populations dont les actions et les décisions ont des conséquences directes sur la sécurité des vols »
Des faiblesses qui, ajoutaient les trois rapporteurs, « n’ont pas permis à l’entreprise d’avoir une vue claire et objective de ses performances en matière de sécurité aérienne et d’y apporter les solutions concrètes et adaptées, en temps et en heure ».
Et la commission de s’affirmer convaincue qu’il y a lieu d’établir « un lien formel de causalité entre les faits constatés et ses résultats en terme de sécurité ».
François Nénin, journaliste indépendant, est spécialiste du transport aérien. Il dirige aussi securvol.fr, un site Internet spécialisé dans l’évaluation de la sécurité des compagnies aériennes. Air France, il s’y intéresse depuis des années. Selon lui, derrière la belle image de la compagnie se cache depuis longtemps de nombreuses défaillances.
Source: http://www.bakchich.info/Air-France-un-rapport-interne-de...