06/01/2009
Le cœur de Ramallah bat pour Gaza... et le Hamas
En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne et le Fatah au pouvoir ont perdu toute crédibilité. Les habitants leur reprochent de ne pas soutenir suffisamment les Gazaouis.
Des partisans du Hamas à Ramallah en Cisjordanie, le 2 janvier. (REUTERS)
Jamais Qaddura Fares, un leader du Fatah, n’avait imaginé que sa mère, une femme de 78 ans, puisse un jour, après avoir regardé les bombardements sur Gaza à la télévision, lui jeter à la figure: «Que la honte soit sur vous, Fatah!» Et qu’il découvrirait sur le cahier d’écolier de sa propre file, âgée de 8 ans, des dessins représentant les guérilleros du Hamas affrontant les chars israéliens, toujours à Gaza.
Pour Fares, qui fut lui-même emprisonné par l’Etat hébreu et préside l’association des détenus (politiques) de la société palestinienne, ces deux anecdotes familiales sont accablantes pour son organisation. Elles témoignent que, loin de s’affaiblir, le Hamas, le parti rival, se renforce en Cisjordanie. Et, à l’inverse, que le Fatah, pour n’avoir pas choisi de le soutenir ouvertement dans l’épreuve et se montrer trop lié à l’Autorité palestinienne, risque de disparaître.
«Toute la génération des 16-20 ans se range derrière le Hamas. La guerre ne profite qu’à lui seul. Si elle continue, les gens vont voir en Ismaël Hanieh (qui dirige le gouvernement Hamas à Gaza, ndlr) un prophète», lance-t-il depuis son bureau de Ramallah, sous les photos de Yasser Arafat et d’un jeune leader du parti emprisonné par l’Etat hébreu, Marwan Baghouti, qui brandit ses menottes comme un flambeau.
Ramallah transpire l’apathie, la dépression
Dans les artères du centre-ville, le cœur de Ramallah ne bat plus effectivement que pour Gaza. La ville transpire l’apathie, la dépression. Dans les boutiques et les cafés, tous les regards sont dirigés vers les postes de télévisions. «Les gens passent leurs journées devant Al-Jezira. C’est pourquoi il y a beaucoup moins de monde dans les rues. Et puis les magasins ferment plus tôt», remarque Khader Musleh, un expert en développement.
Dans ces conditions, les déclarations de l’un des conseillers du président palestinien Mahmoud Abbas, assurant au lendemain de l’attaque israélienne que le Hamas en portait la responsabilité, n’ont pas été comprises. Qaddura Fares les déplore ouvertement: «Nous avons perdu d’un seul coup 25% de notre crédibilité si tant est que nous en avions encore.»
Pourtant, ce leader d’un parti qui incarna l’idéal palestinien n’aime pas le Hamas: «J’aurais voulu qu’il n’ait pas dépassé les 1% aux élections.» Mais, à présent, estime-t-il, il n’y a pas d’autre choix que de le soutenir. «Avec ce qui se passe à Gaza, il ne sert à rien de parler à l’esprit des gens. C’est à leur cœur qu’il faut s’adresser, quitte à être un peu démagogique.»
«Sous peine de disparaître, il faut que nous jouions à tout prix un rôle»
Aussi plaide-t-il pour que Mahmoud Abbas fasse preuve de solidarité avec le mouvement islamiste en quittant provisoirement les pourparlers de paix avec Israël et en relâchant les quelque 400 prisonniers détenus dans les geôles palestiniennes. «Il n’a rien à perdre. Tout à gagner. Sous peine de disparaître, il faut que nous jouions à tout prix un rôle. Cela nous aiderait ensuite à œuvrer avec l’Egypte pour trouver une solution. Sinon, l’Autorité palestinienne risque d’apparaître comme l’équivalent de l’armée du général Lahad (l’ex-commandant des forces supplétives d’Israël au Sud-Liban, ndlr).» Au sein du Fatah, il milite pour que cette organisation coupe les ponts avec l’Autorité palestinienne. Pour ne pas être entraîné avec elle, si chute il y a. Signe que la faillite de la maison Abbas est donc prévue, y compris parmi ceux qui en sont proches.
Dans un immeuble discret, Abduljaber Fuqahaa, un jeune député et responsable du Hamas, qui se trouvait, il y a encore un mois, dans une cellule israélienne, se garde pourtant de jeter de l’huile sur le feu. Lui plaide pour la réconciliation à tout prix entre son parti et l’Autorité palestinienne. Mais il est sans illusion, estimant qu’elle est incapable de s’opposer aux pressions israéliennes: «Non seulement elle ne relâche pas nos prisonniers, mais elle arrête d’autres militants.»
De même, reconnaît-il, «le Hamas est incapable de mobiliser du fait que nous sommes la cible de la police palestinienne.» Aussi, ne prévoit-il pas une troisième intifada, un scénario qui inquiète pourtant l’état-major israélien. Le paradoxe est là: le Hamas est plus populaire que jamais. Mais encore sans forces.
Source: Liberation
JEAN-PIERRE PERRIN, envoyé spécial à Ramallah (Cisjordanie)
17:57 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ramallah, gaza, hamas | Facebook | |
20/01/2008
Gaza: la barbarie des soldats israéliens filmée sur le vif
[Reprise d'article]
L’autre jour, alors que je regardais les nouvelles de la BBC, j’ai vu l’horreur : des soldats israéliens tirant sur un cameraman palestinien à terre et sur les hommes qui voulaient le secourir.
Il m’est très pénible de regarder des images qui montrent la brutalité des hommes. Cela dit, je pense que le site qui a diffusé ce document fait son devoir en diffusant des informations que les principaux médias nous cachent généralement pour des raisons de parti pris en faveur d’Etats qui mènent des politiques criminelles.
Où est la justice ? Où sont les représentants de « Reporters sans frontières », quand il s’agit de défendre les reporters qui travaillent pour une télévision du mouvement Hamas ? Où est la gauche ?
Si des résistants PALESTINIENS avaient tiré sur un cameraman ISRAELIEN, brisé ses jambes, alors qu’il était déjà blessé, dans l’incapacité de se lever, vous auriez vu les images de ce crime odieux passer en boucles avec des commentaires très durs contre les coupables.
J’ai été très choquée de constater que, dans mon pays, ni la télévision suisse romande ni les journaux n’ont mentionné cet acte de barbarie. Ces journalistes peuvent-ils prétendre qu’ils ne savaient pas ? Ne se font-ils pas, par leur silence, les complices des criminels ?
Ce qui est gravissime est que ce silence est à chaque fois interprété par Israël comme un feu vert pour continuer de tuer des Palestiniens qui, à Gaza ou en Cisjordanie, refusent de se soumettre à l’horreur que leur imposent les troupes d’occupation : des Palestiniens qui, faut-il le rappeler, ont déjà terriblement souffert de ce silence.
Tout cela démontre que quelque chose ne tourne pas rond dans nos sociétés. Et qu’il y a lieu de s’en inquiéter. Non seulement les habitants de Gaza, exposés aux tirs de leurs geôliers israéliens, ne sont pas traités humainement ni reconnus dans leur statut de victimes mais, parce qu’ils sont musulmans, l’on fait d’eux des sauvages, des fanatiques.
Je reste dans l’incompréhension, chaque fois que je découvre que, même dans les milieux progressistes, les gens tardent à comprendre que le vrai problème n’est pas le Hamas, ni le voile, ni l’Islam, ni le terrorisme palestinien, mais Israël et ces responsables corrompu du Fatah qui ont fait le choix de collaborer avec l’armée occupante.
Tous ces journalistes et responsables politiques qui ont alimenté l’idée que seuls les laïcs, les athées, ont raison et qui se refusent à remettre en question leur position de méfiance, d’hostilité, à une résistance musulmane qui est, finalement, la seule force d’opposition qui existe encore réellement au Moyen-Orient pour contrer la barbarie d’Israël et de ses alliés, sont à blâmer absolument.
Comment se fait-il que les souffrances et la mort d’un être quel qu’il soit, par delà sa couleur, son ethnie, sa religion, me bouleversent et m’emplissent de douleur, alors que bien des gens que je côtoie demeurent indifférents, dès lors que les victimes sont étiquetées membres du Hamas, activistes, islamistes ? Je n’ai pas de réponse à cette question.
Silvia Cattori - Rome, 6 juillet 2007.
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