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07/09/2009

Banques, bonus, bénéfices : le paradoxe des parasites

Le Monde Diplomatique, vendredi 7 août 2009

Onze milliards quatre cent millions de dollars provisionnés au premier semestre 2009 par la banque américaine Goldman Sachs pour récompenser ses courtiers ; 1 milliard d’euros épargné par BNP Paribas en prévision du versement de primes à ses acrobates financiers (selon Libération, 5 août 2009) ; 4 milliards de livres sterling de bonus attendus par les traders de la City, à Londres ; 32,6 milliards de dollars versés l’an dernier sous forme de primes par neuf établissements de Wall Street qui, dans le même temps, avaient perçu 175 milliards d’aides publiques, selon les conclusions de l’enquête menée par le procureur général de l’Etat de New York, M. Andrew Cuomo (1) : la routine bancaire a repris son cours.

Bien que situés quelques barreaux en dessous sur l’échelle de la démesure, ces montants évoquent ceux mobilisés quelques mois plus tôt par les puissances publiques pour sauver le réseau bancaire mondial de l’effondrement. De septembre 2008 au printemps 2009, chefs d’Etat et banquiers centraux se sont, littéralement, mis au service des banques privées. Avec l’argent du contribuable, ils ont nationalisé les plus claudicantes, garanti ou racheté les créances pourries détenues par les autres, injecté des centaines de milliards de dollars dans leurs fondations branlantes, inondé les guichets d’un flot illimité et pratiquement gratuit de liquidités. Pour, finalement, se substituer à des établissements soudain incapables de remplir leur principale fonction : irriguer l’économie en crédit.

C’est là tout le paradoxe des parasites. En l’espace de quelques mois, les banques d’affaires privées ont successivement démontré leur nullité (politique de prêts reposant sur l’idée que les prix de l’immobilier grimperaient éternellement, accumulation explosive de créances douteuses), leur nocivité (funambulisme spéculatif sur le pétrole, les produits alimentaires et les matières premières), leur fragilité (le naufrage de l’une déclenche une crise mondiale du crédit), leur inutilité (l’Etat les remplace sans dommage) et, enfin, l’insatiable cupidité de leurs dirigeants – sans qu’il en soit tiré aucune conséquence pratique. Nationaliser franchement, et durablement, l’ensemble du secteur aurait-il été plus coûteux ?

Malgré les communiqués triomphaux des membres du G20 (dont la Chine, la Russie, le Brésil, l’Argentine, l’Afrique du Sud) réunis à Londres en avril dernier pour « réformer le capitalisme » et ramener ses acteurs à plus de raison, le sauvetage des géants de la finance n’a été assorti d’aucune condition digne de ce nom. Comme l’indiquent les profits enregistrés au deuxième trimestre 2009 par Goldman Sachs, Citigroup, Barclays, BNP Paribas, HSBC, etc., la rente bancaire sort intacte d’une crise qui prive d’emploi des dizaines de millions de salariés ; elle accomplit l’exploit d’unir dans une commune réprobation des contribuables détroussés par des tarifs exorbitants et soumis à la gabelle du renflouage, les chefs d’entreprise étouffés par la restriction du crédit et les actionnaires effarés par le montant de bonus qui amputent d’autant leurs dividendes !

Dans la Grèce antique, l’hubris, cette aspiration violente à la démesure, appelait la némésis, le châtiment par la destruction. Mais quel gouvernement se risquerait à réprimer un secteur où se recrutent et se recyclent tant de cadres du pouvoir politique ?

05/08/2009

Nouvelle polémique sur les bonus

BNP Paribas a avoué avoir provisionné dans ses comptes près d’un milliard d’euros de plus que l’an dernier pour rémunérer ses traders au titre de 2009.

Nouvelle polémique sur les rémunérations des traders. BNP Paribas a confirmé mardi avoir provisionné dans ses comptes près d’ un milliard d’euros pour rémunérer ses traders au titre de 2009, suite aux informations publiées sur le site internet de Libération.

bnp bonus.jpgSelon le journal, lors du premier semestre de son exercice, les frais de gestion du pôle Corporate and Investment Banking (CIB) de la banque ont représenté 3,237 milliards d’euros, contre 2,208 milliards à la même période de l’exercice précédent. Cela représente une différence de 1,029 milliard d’euros et une progression de 46,6%. Laquelle s’explique selon le journal par l’évolution des bonus.

Selon le quotidien, «l’enveloppe à distribuer aux 17.000 salariés de sa filiale (Corporate and Investment Banking, banque de financement et d’investissement du groupe, ndlr) devrait dépasser sans problème le milliard», précise le journal soit «59.000 euros en moyenne par personne».

 

La banque applique les recommandations du G20

 

Si le groupe a confirmé que le chiffre d’un milliard d’euros calculé par Libération était proche de la réalité, la banque a néanmoins précisé que les provisions pour bonus effectuées en cours d’année étaient virtuelles, les bonus n’étant décidés qu’à la fin de l’exercice, en fonction des résultats effectifs.

La banque s’est défendue en arguant qu’elle avait été l’une des premières à appliquer les recommandations du G20. «En matière de rémunération des opérateurs de marché, nous avons été l’une des premières banques mondiales à respecter scrupuleusement dès 2008 les recommandations du G20 qui prévoient par exemple l’étalement des bonus sur plusieurs années et leur corrélation aux résultats, non aux revenus» a indiqué Baudoin Prot dans une interview à La Tribune. «Nous allons également appliquer ces principes en 2009» a-t-il précisé.

Suite à cette nouvelle polémique, le PDG de la Société générale, Frédéric Oudéa, a affirmé, mercredi, en commentant les résultats semestriels de son groupe, que sa banque tiendra compte «des comportements» des traders et pas seulement «des résulats» lors du calcul de leurs rémunérations en fin d’année. «On prendra aussi en compte des paramètres comme le risque», a-t-il ajouté. Le numéro 1 de la Société Générale, a également expliqué que ces rémunérations pourraient ne pas être payées en une seule fois et qu’«une partie significative pourra être versée plus tard.»

 

Mettre un terme aux «rémunérations excessives»

 

En février, les banques françaises s’étaient notamment engagées à encadrer les bonus des traders pour limiter les prises de risques excessifs, en contrepartie des garanties de l’Etat. BNP Paribas avait reçu pour sa part 5,1 milliards d’euros d’aide de l’Etat dans le cadre du plan français de soutien au secteur bancaire. Jusque très récemment, la ministre de l’économie Christine Lagarde avait d’ailleurs mis en garde contre le retour de ces «vieilles pratiques» qu’elle qualifiait alors de «honte absolue».

De son côté, le médiateur du Crédit, René Ricol, a rappelé ce matin sur RMC, l’exigence de «transparence pour savoir si on a bien mis un terme aux errements et aux rémunérations excessives (...) qui poussent toujours à des prises de risques excessives.» Et d’ajouter «ce qui m’interesse, c’est de savoir si on a à nouveau des errements de rémunération, des rémunérations à 30, 40 millions d’euros. C’est ça que je veux savoir.»

Source: JDF

13:59 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonus, abus, racket, finance |  Facebook | |