13/08/2016
5ème colonne musulmane - L’armée française vigilante face à la montée des « radicalismes » dans ses rangs
Après plusieurs épisodes impliquant des militaires de « culture ou de confession musulmane », l’armée redouble de vigilance devant la montée des radicalismes. Enquête de Patricia Jolly , journaliste au Monde.
Le chercheur Elyamine Settoul estime que l’armée française compte « 10 % de musulmans » dans ses effectifs et attribue cette présence au caractère méritocratique du recrutement militaire.
En septembre 2015, les échos de l’incident ont franchi les grilles de la base aérienne d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône. De jeunes militaires auraient été vus en djellaba dans l’enceinte qui abrite une partie des forces stratégiques nucléaires françaises. De quoi déclencher un débat en interne et des inquiétudes.
Le site recrute et intègre nombre de jeunes de l’étang de Berre et des quartiers nord de Marseille qui sont – pour une bonne moitié –, de culture ou de confession musulmane. Une partie est logée sur place. Plutôt que de se rendre dans les mosquées voisines, en ville, certains avaient pris l’habitude de prier dans les lieux de casernement, voire de travail. Le commandement, en concertation avec l’aumônier militaire musulman de la base, a donc décidé, à la fin de l’été 2015, de mettre à leur disposition sur la base un local réservé à la prière, comme il en existait déjà pour le culte catholique et comme on en trouve dans d’autres régiments. La décision a suscité des réactions hostiles, parfois racistes, parmi les personnels.
En dehors de leur service, certains jeunes soldats musulmans d’Istres ont un temps continué à circuler entre leur chambre et la nouvelle salle de prière en tenue traditionnelle, créant des frictions. [...]
La suppression du service militaire obligatoire par Jacques Chirac en 1997 et le passage à une armée de métier de plus en plus engagée à l’étranger, ont contraint la France à puiser massivement dans les “minorités visibles” » , explique le sociologue Elyamine Settoul, 37 ans, dont la thèse, soutenue en 2012, s’intitule « Des banlieues à la défense de la nation ». «Ils représentent 31 % de notre recrutement ici en 2015, note-t-il. On ne peut pas s’en passer. [...]
Les cas d’objection de conscience pour raisons confessionnelles sont, selon lui, rares. En 2009, pourtant, pris entre sa fidélité à l’islam et son engagement, un tireur d’élite du 1er régiment d’infanterie de Sarrebourg avait refusé de partir en opération extérieure en Afghanistan. [...]
Ces exceptions ont tendance à occulter la loyauté de milliers de soldats musulmans à l’armée française. Boualem [prénom modifié], 45 ans, a quitté les rangs l’an dernier au grade de capitaine, après vingt ans de service et plusieurs opérations extérieures. Sauf pour rendre la rupture du jeûne « plus conviviale» en opération extérieure, ne frayait guère avec les autres soldats musulmans de son régiment. «Nous n’avions pas forcément d’affinités, explique-t-il, et l’armée, c’est le brassage par excellence. Je n’y ai toujours vu que des frères d’arme, des camarades dont certains aiment boire un verre de rouge et d’autres pas. A l’armée, Jean-Pierre ou Robert qui ont leur carte du FN vous sauveront peut-être la vie au combat.» [...]
Le Monde
via Fdesouche.com
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