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28/03/2015

Etats-Unis: les Appalaches décapitées par les marchands de charbon

Malgré le boom du pétrole et du gaz de schiste, le charbon demeure la principale source d’énergie aux Etats-Unis. Pour en accroître la production, les compagnies minières privilégient désormais l’exploitation à ciel ouvert en arasant les sommets à l’explosif. Ce procédé, très utilisé dans les Appalaches, a des conséquences environnementales désastreuses.

par Maxime Robin, février 2015

L’après-midi du 5 avril 2010, une puissante boule de feu se propage dans les galeries de l’Upper Big Branch, une mine de charbon de la Coal River Valley, en Virginie-Occidentale. Des dizaines d’hommes sont pris au piège. Tandis que les camions-satellites de Cable News Network (CNN) sont dépêchés, le président Barack Obama intervient à la télévision. Cette vallée encaissée, jalonnée de villages quasi fantômes, où l’eau du robinet a l’odeur du diesel, devient le cœur du cyclone médiatique américain. Le macabre suspense prend fin au bout de quelques jours : le bilan définitif s’établit à vingt-neuf morts.

Deux stèles ont été construites à la mémoire des disparus. L’une, taillée dans le granit, représente vingt-neuf silhouettes se donnant l’accolade. Financée par l’industrie, elle est dédiée à « tous les mineurs blessés, malades, ou morts au travail ». L’autre mémorial, moins ostentatoire, est visible sur le lieu même du drame : vingt-neuf casques et autant de couronnes de fleurs. Sur le sol, un message tracé à la craie par un habitant, comme un cri : « Dieu bénisse le charbon. »

Quatre ans et demi ont passé depuis l’explosion. Le 20 novembre 2014, M. Donald Leon Blankenship, qui de 1989 à 2010 dirigea Massey Energy — la plus grande compagnie minière des Appalaches —, assiste à l’audience préliminaire de son procès à la cour criminelle de Beckley. Une enquête fédérale l’accuse d’être directement responsable de la tragédie, par négligence et appât du gain. Pour économiser de l’argent, les boyaux de la mine n’étaient pas ventilés. En cas de visites-surprises d’inspecteurs, un code avait été mis en place entre les mineurs pour dissimuler les infractions. Selon l’enquête, l’alerte était donnée par le gardien de la porte d’entrée aux contremaîtres en surface. Prévenus par téléphone, les mineurs suspendaient alors la production et bricolaient en toute hâte un pseudo-système de ventilation. « On avait une heure et quart pour se mettre aux normes », a expliqué un ancien de la mine à la radio publique américaine  (...)

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