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27/06/2013

Aux États-Unis, l’eau potable contient du gaz de schiste

Exploitation de gaz de shiste en Pologne en 2011.

 

Les nombreux opposants à l’exploitation de gaz de schiste devraient se féliciter de l’étude que viennent de publier des chercheurs de l’université américaine Duke, en Caroline du Nord, sur la contamination des puits d’eau potable à proximité des sites de forage. Ils ont prélevé des échantillons provenant de 141 puits privés alimentant des maisons réparties dans le bassin de gaz de schiste particulièrement riche de Marcellus, dans le nord-est de la Pennsylvanie et le sud de l’État de New York.

Les concentrations en méthane sont en moyenne six fois supérieures, et celles en éthane 23 fois plus grandes dans l’eau potable des maisons se trouvant à moins d’un kilomètre des forages que dans celles situées au-delà de cette distance. Dans la plupart de ces puits, les teneurs en méthane dépassent, quant à elle, largement les 10 milligrammes par litre d’eau, niveau considéré comme le maximum acceptable par les autorités sanitaires américaines. Du propane a aussi été détecté dans dix échantillons d’eau de ces puits provenant tous d’habitations se trouvant à moins d’un kilomètre des sites d’extraction.

Des données irréfutables selon les chercheurs

Les données sur la contamination de ces puits avec de l’éthane et du propane « sont nouvelles et difficiles à réfuter car il n’y a aucune source biologique d’éthane et de propane dans la région et le bassin de gaz de schiste de Marcellus est riche en ces deux gaz », souligne Robert Jackson, professeur de sciences environnementales à l’Université Duke et principal auteur de ces travaux parus dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS) datés du 24 au 28 juin.

Les chercheurs ne remettent toutefois pas en cause les fracturations hydrauliques mais évoquent notamment des tubes poreux, qui laisseraient passer les pollutions. Ils pointent également du doigt des forages effectués trop rapidement et l’insuffisance des investissements de sûreté dans de nombreux puits.

Une autre étude américaine affirme le contraire

Le débat scientifique sur les dégâts environnementaux provoqués par l’exploitation de gaz de schiste est loin d’être clos aux États-Unis. Une étude, effectuée par des scientifiques de l’Institut américain de géophysique (USGC), n’a ainsi trouvé aucun indice de contamination des sources d’eau potable provoquée par la production de gaz de schiste en Arkansas.

Une demande de permis rejetée en France

En France, en revanche, la tendance reste à l’absence de débats et d’expérimentations. La ministre de l’écologie et de l’énergie Delphine Batho a ainsi indiqué mardi 25 juin avoir rejeté une demande de permis d’exploration de gaz de schiste par la société Hexagon Gaz pour une zone à cheval entre la Corrèze, la Dordogne et le Lot. Un rejet salué comme une « victoire » par des élus écologistes du Sud-Ouest.

L’instruction de cette demande déposée en 2010 « arrive à terme », a indiqué la ministre, pour qui « la position du gouvernement est claire : c’est le refus de la fracturation hydraulique et l’application de la loi », en évoquant également une « société basée à Singapour qui manque de références ». Votée par le précédent gouvernement, la loi de juillet 2011 interdit, en raison de ces impacts environnementaux, la technique de la fracturation hydraulique, seule manière opérationnelle à ce jour d’explorer et d’exploiter les gaz de schiste.

Jean-Claude Bourbon

La Croix

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