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09/03/2013

Un vin « made in Israël » produit en Syrie occupée…

vins-israel

 

On ne peut pas soupçonner le très sérieux Der Spiegel, hebdomadaire de référence Outre-Rhin, d’arrière-pensées antisémites. Classé plutôt à gauche, on pourra toujours le taxer d’antisionisme, anathème qu’encourent ceux qui osent critiquer Israël. Le Spiegel vient donc de dénoncer la mise sur le marché en Allemagne de vins indûment étiquetés « Wein aus Israël » alors que lesdites bouteilles sont en réalité produites à l’extérieur des frontières de l’État hébreu.

L’étiquette indique, en français c’est plus chic, « Cabernet Sauvignon 2008 », cépages éminemment israéliens comme chacun sait, et la même étiquette précise que ce vin « made in Israël » est produit et mis en bouteilles par l’entreprise vinicole Golan Heights. À ceci près que l’adresse du domaine en question, « 12 900 Katzrin, Israël », correspond en fait à une colonie israélienne établie sur le plateau du Golan, en territoire syrien. Le Golan est en effet occupé par Israël depuis la guerre des Six Jours en I967, comme l’est pareillement la Cisjordanie palestinienne. Et c’est sur ces hauts plateaux annexés, qu’avec l’aide du baron Edmond de Rothschild, s’est développé le vignoble de l’État hébreu dont le domaine phare est la « Golan Heights Winery ». Toujours selon Le Spiegel, la commercialisation de leurs vins labellisés « israéliens » serait tout simplement illégale aux yeux de la législation européenne.

Au-delà du vin, l’hebdomadaire croit savoir que Bruxelles aurait l’intention d’interdire la vente en Europe de l’ensemble des marchandises produites dans les territoires occupés, aussi longtemps que les dattes du Jourdain, les avocats ou les agrumes palestiniens seront faussement étiquetées. L’enquête du Spiegel n’a pas manqué de réveiller de vieux démons parmi les Allemands comme dans les milieux israéliens de Berlin où l’on tire allègrement un parallèle avec les campagnes des Nazis pour empêcher les gens d’acheter des produits venant de Juifs. L’amalgame tient lieu de justification en quelque sorte pour l’État hébreu outragé qui a qualifié de « mesure intrinsèquement inique » le contrôle et l’interdiction éventuelle de produits israéliens sur le territoire européen.

En oubliant — et l’exemple du vin vient nous le rappeler fort opportunément — que « l’inique » ou plutôt l’illégitimité serait plutôt du côté israélien, dans le développement des colonies juives à l’intérieur des territoires occupés avec la bénédiction des gouvernements successifs. Le dernier en date, celui de Benjamin Netanyahu, n’est pas en reste : « Les jours où les bulldozers rasaient les colonies juives sont derrière nous. » a-t-il déclaré, sûr de son bon « droit », au quotidien populaire Maariv.

À la Knesset, les colons boivent du petit lait, ce soutien conforte leurs représentants dont le nombre s’est renforcé lors des élections du 22 janvier dernier. Le sionisme conquérant a de beaux jours devant lui, il s’affiche sans vergogne sur le gros rouge qui tâche. Le processus de paix, quant à lui, a la gueule bois. Quelques colonies viticoles de plus et il sera en état de coma… éthylique dépassé… Israël remplit nos verres avec une AOC frelatée, les Palestiniens trinquent, et l’Europe boit à leur santé !

José Meidinger, le 8 mars 2013
 

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