20/06/2011
L'Otan admet avoir tué des civils en Libye
Selon le gouvernement libyen, le tir a fait neuf morts dans le quartier d'habitation d'al-Arada à Tripoli. Crédits photo : MAHMUD TURKIA/AFP
Un quartier d'habitation de Tripoli a été visé par les forces de l'OTAN ce week-end par erreur. Selon le gouvernement libyen, neuf personnes ont été tuées.
C'est la première fois que l'Otan reconnaît une «bavure» depuis le début de son intervention en Libye. Dans la nuit de samedi à dimanche, un raid sur Tripoli a fait selon l'Alliance «un certain nombre de victimes civiles». Le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, affirme qu'il y a eu neuf morts, dont cinq membres d'une même famille, et dix-huit blessés dans le quartier résidentiel d'al-Arada.
«Un site militaire de missiles était la cible prévue de frappes aériennes à Tripoli (…) Toutefois, il s'avère qu'une arme n'a pas frappé la cible prévue», a admis l'Otan, invoquant une «erreur dans le système» et regrettant «la perte de vies de civils innocents». Chacune des sorties d'avions alliés, précise le communiqué, est «préparée et exécutée avec un grand soin pour éviter les victimes civiles».
De son côté, le gouvernement libyen a sauté sur l'occasion pour dénoncer des actes «barbares», accusant l'Otan de viser «délibérément des civils». Depuis le début des opérations, c'est l'Alliance qui accusait les forces loyales à Mouammar Kadhafi de s'installer délibérément dans des zones civiles pour se protéger. C'est d'ailleurs pour éviter toute méprise que des hélicoptères français et britanniques, dont les frappes sont plus précises que celles des avions, ont été dépêchés début juin en Libye.
Des rebelles visés accidentellement
L'annonce de cette «bavure» intervient 24 heures à peine après que l'Otan a reconnu avoir accidentellement frappé des forces rebelles dans la région de Brega, dans l'est de la Libye, le 16 juin. Une colonne de véhicules militaires rebelles, comprenant des chars, a été identifiée dans une zone où les forces loyales au colonel Kadhafi venaient d'intervenir. Il a été considéré en conséquence qu'elle devait «être ciblée par les avions de l'Otan», a expliqué l'Alliance. Au moins deux autres incidents du même type étaient déjà survenus dans le passé.
Ces erreurs se produisent à un moment difficile pour l'Alliance, qui a pris le 31 mars le commandement de l'opération internationale destinée à défendre la population civile face aux forces du colonel Mouammar Kadhafi. Alors que les avions alliés ont effectué quelque 1500 sorties, la situation stagne sur le terrain et la légitimité de l'intervention reste contestée. Face au risque d'enlisement du conflit, des doutes se font entendre sur une mission plus longue et plus coûteuse qu'initialement prévu.
Samedi, une réunion de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine a insisté au Caire sur la nécessité d'une solution politique au conflit. Mais la contestation la plus forte vient des États-Unis, où Barack Obama se prépare à un conflit ouvert cette semaine au Congrès, dont nombre de membres ne digèrent pas qu'il ne les ait pas consultés pour autoriser l'intervention.
Source: Figaro
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