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18/11/2010

La corruption confirmée dans le dossier Karachi

La piste d'une affaire de corruption pendant la campagne présidentielle de 1995, susceptible d'impliquer Nicolas Sarkozy, a été confirmée par des auditions de justice, notamment celle d'un ex-ministre. 

 

L'affaire est liée à un attentat-suicide à Karachi le 8 mai 2002 dans lequel furent tuées 15 personnes, dont 11 ingénieurs et techniciens français de la Direction des constructions navales (DCN), travaillant à la construction des sous-marins.

L'ancien ministre la Défense Charles Millon a déclaré sur procès-verbal que Jacques Chirac avait ordonné après son élection en 1995 l'arrêt du paiement de commissions commerciales au Pakistan en marge de la vente de ces sous-marins, a déclaré à Reuters une source proche du dossier.

"Charles Millon a déclaré au juge que cette décision avait été prise en raison de l'existence de rétro-commissions (un retour frauduleux d'une partie de l'argent en France-NDLR)", a déclaré cette source qui a eu accès au procès-verbal de l'audition par le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke.

La piste islamiste évoquée initialement pour cet attentat a été abandonnée et divers renseignements, mais aucune preuve, laissent penser que l'armée pakistanaise a commandité l'attentat en représailles du non-versement d'un reliquat de "commissions".

Charles Millon, ministre de la Défense de 1995 à 1997, a expliqué au juge Van Ruymbeke que la DGSE - les services secrets français - avaient été chargés d'une enquête sur l'affaire et rendaient compte directement à Jacques Chirac.

UN TRANSIT PAR LE LUXEMBOURG ?

Charles Millon avait déjà évoqué ces faits dans la presse lorsqu'il a dit à Paris-Match cette année qu'il avait été découvert que les "rétro-commissions" avaient financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, rival de Jacques Chirac dans la course à la présidentielle en 1995.

Par ailleurs, un autre témoin auditionné par le juge Renaud Van Ruymbeke, Gérard Menayas, ancien dirigeant de la DCN, qui construisait les sous-marins, a confirmé que les commissions passaient par le Luxembourg, où deux sociétés, Heine et Eurolux, avaient été créées pour les récolter.

Ce témoin, selon la même source proche du dossier, confirme d'autres éléments du dossier judiciaire, notamment un rapport de la police luxembourgeoise, selon lesquels c'est Nicolas Sarkozy, ministre du Budget (1993-1995) et porte-parole de la campagne Balladur qui avait organisé ce transit au Luxembourg.

Gérard Menayas a également déclaré au juge Van Ruymbeke que d'anciens dirigeants des sociétés luxembourgeoises en question ont tenté en 2006, pour obtenir de l'argent, de faire chanter Nicolas Sarkozy sur le fondement de ce dossier.

Une mission d'information parlementaire a montré que le versement de 84 millions d'euros, soit 10,25% du contrat des sous-marins, avait été convenu lors de la signature de l'accord de vente des sous-marins par le gouvernement Balladur en 1994.

Nicolas Sarkozy conteste toute implication dans une affaire de corruption et a parlé publiquement de "fable" concernant le lien entre supposé entre l'argent et l'attentat.

L'avocat de familles de victimes, Olivier Morrice, a parlé mercredi sur i>Télé de "scandale" et de "mensonges d'Etat".

"Nous avons la preuve aujourd'hui qu'à l'époque, celui qui était ministre du Budget, Nicolas Sarkozy, a validé totalement le système mis en place pour permettre l'arrivée de ces rétrocommissions illicites en France", a-t-il dit en estimant que Nicolas Sarkozy était "au coeur d'un système de corruption".

Deux filles de victimes de l'attentat, Magali Drouet et Sandrine Leclerc, qui sortent un livre sur l'affaire cette semaine, donnent une conférence de presse à Paris jeudi.

Elle relatent dans leur livre que Nicolas Sarkozy a cessé de les recevoir dès que l'affaire de corruption supposée a été évoquée par la presse, y compris à la garden-party du 14 juillet où elles étaient pourtant invitées depuis 2002.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

Source: Reuters


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