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07/08/2010

Guerre en Irak: une troublante hausse des cancers à Falloujah

Par Marc Vignaud

Une troublante hausse des cancers à Falloujah

Au cours du combat pour le contrôle de Falloujah en novembre 2004, les Américains pourraient avoir utilisé des bombes à l'uranium appauvri.

Les images sont difficilement soutenables. Une petite fille à double tête, un petit garçon à l'abdomen surdimensionné, des bébés atteints d'une maladie grave de peau... Tous ces cas enregistrés à Falloujah ont été rapportés par plusieurs médias internationaux. Depuis 2004, quand cette ville du centre de l'Irak a été le théâtre d'une bataille sans merci entre insurgés et Américains, les témoignages de familles frappées par des cancers ou la mort précoce d'un enfant difforme se multiplient. Au point que certains font le lien avec l'offensive américaine, tandis que le doute persiste sur la nature des armes utilisées.

Une étude publiée fin juillet 2010 par l'International Journal of Environnemental Research and Public Health pourrait leur permettre d'étayer leurs accusations. Mené entre autres par le professeur Chris Busby, professeur associé à l'Université d'Ulster, ce travail valide l'hypothèse d'une mortalité infantile et des cancers anormalement élevés à Falloujah, entre 2005 et 2009. En s'appuyant sur un questionnaire rempli par 4.843 personnes de la ville, les auteurs pointent des chiffres bien supérieurs à ceux constatés en Égypte et en Jordanie. Le risque relatif de cancer est 4,22 fois plus élevé dans la ville irakienne que dans les pays voisins, et 12,6 fois plus important pour les moins de 14 ans ! Pire, les types de cancer constatés sont similaires à ceux développés par les Japonais à Hiroshima après la Seconde Guerre mondiale... Quant à la mortalité infantile, elle est 4 fois plus forte à Falloujah que dans les États comparés depuis 2006. Et, comme à Hiroshima, après le largage de la bombe A, le nombre de naissances de garçons a plongé parmi les enfants de 0 à 4 ans dès 2005. Un dernier élément qui permet d'identifier l'année de la bataille de Falloujah, en 2004, "comme l'année de la contamination environnementale", selon les auteurs de l'étude.

La piste de l'uranium appauvri

Le travail des chercheurs "n'éclaire pas sur l'agent déclencheur de l'augmentation du nombre de maladies". Mais il pose de fait la question. Il va jusqu'à évoquer l'hypothèse de l'uranium appauvri, un composant radioactif qui pourrait avoir été employé par l'armée américaine au cours des combats à Falloujah. Le Pentagone n'a jamais répondu clairement à ceux qui l'accusent d'y avoir eu recours sous la forme de bombes "anti-bunkers". De quoi alimenter les soupçons.

Par le passé, l'utilisation de l'uranium appauvri lors d'opérations militaires a déjà été sujet à polémique. Ce composant est accusé d'être à l'origine de maladies et de décès de plusieurs soldats déployés en ex-Yougoslavie, notamment en Bosnie en 1995 et au Kosovo en 1999, ou encore en Irak, lors du premier conflit. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a même recommandé, en 2008, un suivi des zones touchées par ces armes et leur éventuelle dépollution quand le niveau de contamination constaté s'avère "inacceptable". L'OMS souligne également la fragilité des enfants face à ce type de contamination.

Reste que l'utilisation des armes à l'uranium appauvri est parfaitement légale. Aucun texte international n'interdit d'avoir recours à des armes qualifiées de "conventionnelles". L'armée française se réserve d'ailleurs le droit de s'en servir pour leur capacité unique à "percer les blindages les plus résistants" même si, affirme le ministère de la Défense, elle "n'a jamais eu recours à ces munitions à base d'uranium appauvri sur les théâtres d'opérations sur lesquels elle est déployée".

Source: Le Point

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