07/06/2008
Le président russe accuse les Etats-Unis, et célèbre une Russie "responsable"
SAINT-PETERSBOURG (Russie) (AFP) - Le président russe Dmitri Medvedev a accusé samedi les Etats-Unis d'avoir provoqué la crise financière mondiale par excès d'ambition, leur opposant l'exemple d'une Russie "consciente de sa responsabilité pour le sort du monde" et futur leader économique.
S'exprimant devant des milliers d'hommes d'affaires, de responsables russes et étrangers réunis au Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président s'en est vivement pris à "l'illusion qu'un pays, même le plus puissant au monde, puisse jouer le rôle de gouvernement global".
"C'est précisément le fait que le rôle des Etats-Unis dans le système économique mondial ne correspond pas à ses capacités réelles qui a été une des principales raisons de la crise actuelle", a-t-il insisté.
La Russie, à l'inverse, "est un acteur mondial qui est conscient de sa responsabilité pour le sort du monde", a-t-il martelé. "Nous voulons participer à la formation des règles du jeu, pas en raison d'ambitions impériales, mais parce que nous sommes conscient de notre responsabilité et que nous possédons des ressources", en particulier énergétiques, a-t-il poursuivi.
Là où d'autres pays se sont consacrés aux biocarburants, aggravant la crise alimentaire, la Russie libéralise son marché du gaz et prend des mesures fiscales pour relancer sa production de pétrole, ce qui contribuera à "stabiliser les marchés énergétiques mondiaux", a-t-il souligné en exemple. De même, elle s'abstient de verser dans "l'égoïsme économique" que représente le protectionnisme, a-t-il noté.
M. Medvedev, qui est considéré comme d'orientation libérale, a succédé à Vladimir Poutine il y a un mois: il a depuis promis de renforcer l'état de droit, lutter contre la corruption et faciliter l'existence des PME russes. Son discours était par conséquent très attendu par les participants au Forum, parmi lesquels les patrons de multinationales comme BP, Shell, KPMG, Peugeot ou Citigroup.
Il les a aussi assurés de son ambition de faire de Moscou un "centre financier puissant" et du rouble "une des principales monnaies de réserve régionale".
Il a en outre insisté sur le fait que "les investissements russes n'ont pas de caractère spéculatif ou agressif", alors qu'au Forum, la question de la crise aiguë opposant les actionnaires russes et britanniques du troisième groupe pétrolier russe, TNK-BP, est sur toutes les lèvres.
Bien qu'il s'agisse d'une entreprise entièrement privée (détenue à 50% par trois hommes d'affaires russes et à 50% par la major britannique BP), beaucoup d'analystes estiment que la cascade d'ennuis qui s'est abattue sur le groupe depuis quelques mois est liée à la volonté de l'Etat de reprendre en main une partie des actifs de TNK-BP.
Son dénouement est désormais une question de "jours", a assuré samedi son PDG Robert Dudley, alors que la plupart des protagonistes de l'affaire TNK-BP, présents au Forum, devraient en profiter pour aborder la question. M. Dudley a ajouté "n'avoir aucune indication d'une vente de la part d'aucun actionnaire".
Vendredi, le président de la Chambre de commerce russo-américaine, Andrew Somers, avait prévenu lors d'une conférence que quoiqu'il arrive, cela enverrait un "signal très fort, positif ou négatif, sur le climat d'investissement en Russie".
Mais pour le reste, la conjoncture économique russe est pour l'heure plutôt favorable aux exercices de relations publiques: alors que le reste du monde souffre de la crise financière, elle affiche au contraire un dynamisme à tout cran, au point même de donner des signes de surchauffe, selon les experts.
Les organisateurs du Forum s'attendent également à la signature annexe de contrats pour un montant supérieur à celui de l'an dernier, c'est-à-dire 12 milliards de dollars.
14:49 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie | Facebook | |
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