03/01/2015
Le jour où Abraham Lincoln a voulu exiler les Noirs des États-Unis
La Maison Blanche, l’un des lieux les plus secrets de la planète, témoin de nombres de décision historique. En pleine guerre de Sécession, Abraham Lincoln a une idée folle : loin de vouloir abolir l’esclavage, il souhaite envoyer les Noirs « coloniser » un pays. Extrait de « Les secrets de la Maison Blanche » de Nicole Bacharan et Dominique Simonnet (1/2).
« Pourquoi les gens d’ascendance africaine doivent-ils partir et coloniser un autre pays ? Je vais vous le dire. Vous et moi appartenons à des races différentes. Il y a entre nous plus de différence qu’entre aucune autre race. Que cela soit juste ou non, je n’ai pas à en discuter, mais cette différence physique est un grand problème pour nous tous, car je pense que votre race en souffre grandement en vivant avec nous, tandis que la nôtre souffre de votre présence. En un mot, nous souffrons des deux côtés… Si on admet cela, voilà au moins une bonne raison de nous séparer… »
Oui, c’est le président Abraham Lincoln lui-même qui tient ces propos bien peu engageants, loin, bien loin de l’image que l’on construira de lui plus tard.
Ce 14 août 1862, alors que la nation américaine se déchire, que les États, désunis, s’affrontent dans un conflit fratricide, la terrible guerre de Sécession déclenchée depuis son élection il y a deux ans, Lincoln a convoqué à la Maison Blanche une délégation de leaders noirs pour leur tenir ce discours : il faut que les Noirs quittent les États-Unis ! En guise d’introduction, à peine les cinq « personnes de couleur » sont-elles assises dans son bureau qu’il leur indique qu’une somme d’argent a été réservée par le Congrès, « tenue à sa disposition pour aider au départ des personnes d’ascendance africaine pour qu’elles colonisent un quelconque pays ». Cela fait longtemps qu’il y songe, a dit d’emblée le président, et il se fera un devoir de favoriser cette cause.
— Vous, ici, vous êtes des affranchis, je suppose ? interroge abruptement Lincoln.
— Oui, Monsieur, répond l’un des délégués.
— Peut-être l’êtes-vous depuis longtemps, ou depuis toute votre vie… D’après moi, votre race souffre de la plus grande injustice jamais infligée à un peuple… Mais, même si vous cessez d’être esclaves, vous êtes encore bien loin d’être sur un pied d’égalité avec la race blanche… Mon propos n’est pas d’en discuter, c’est de vous montrer que c’est un fait… Et puis regardez où nous en sommes, à cause de la présence des deux races sur ce continent… Regardez notre situation – le pays en guerre ! –, les hommes blancs s’entre-égorgeant, et personne ne sait quand cela s’arrêtera. Si vous n’étiez pas là, il n’y aurait pas de guerre…
Et le président de conclure :
— Il vaut donc mieux nous séparer… Je sais qu’il y a parmi vous des Noirs libres qui ne voient pas quels avantages ils pourraient en tirer… C’est, permettez-moi de le dire, un point de vue extrêmement égoïste… Si des hommes de couleur intelligents, comme ceux que j’ai devant moi, le comprennent, alors nous pourrons aller plus loin. Je pense pour vous à une colonie en Amérique centrale. C’est plus près que le Liberia… Il y a là un pays magnifique, doté de beaucoup de ressources naturelles, et, à cause de la similarité du climat avec celui de votre pays natal, il vous conviendrait parfaitement…
via Fdesouche.com
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