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01/10/2014

Léa, 15 ans : « Ils nous demandent de faire des attentats en France »

Arrêtée alors qu’elle s’apprêtait à fuir en Syrie et que ses recruteurs djihadistes la poussaient à commettre une tuerie en France, Léa est la première à livrer son récit. A lire dans « l’Obs », en kiosque jeudi.

De longs cheveux qui entourent un visage pâle et de grands yeux noisette qui semblent en permanence chercher un point auquel se raccrocher. C’est une enfant, douce, frêle, fragile. Une ado de 15 ans choyée, bonne élève, qui a grandi dans une belle maison de province, au sein d’une famille française soudée, aisée et athée. A l’opposé de tous les clichés sur l’apprenti djihadiste. Et pourtant, en deux mois à peine, via internet, Léa s’est laissée entraîner dans les abîmes de l’islam radical.

Interceptée alors qu’elle tentait de s’enfuir vers la Syrie, elle est d’abord placée sous mesure éducative par un juge des enfants. Pendant plusieurs mois, elle va se dédoubler, donnant les gages d’un retour à la « normalité » à ses parents, ses éducateurs, son psychologue, tout en se laissant convaincre par son réseau de préparer un attentat antisémite sur le sol français… En septembre, elle est arrêtée par les policiers de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI, ex-DCRI), qui la surveillaient.

Jusque-là, elle était restée mutique. Elle a finalement tout raconté il y a quelques jours lors d’une intervention du CPDSI, le Centre de Prévention contre les Dérives sectaires liées à l’Islam créé par l’anthropologue Dounia Bouzar, qui décrypte dans « le Nouvel Observateur », en kiosque le jeudi 2 octobre, ce témoignage inédit recueilli en exclusivité. Pour des raisons évidentes de sécurité, son prénom a été modifié. Le destin de Léa appartient désormais à la justice.

Un jour où je ne me sentais pas très bien, j’ai laissé sur ma page Facebook un message disant que j’aimerais pouvoir me faire pardonner toutes mes bêtises. Là, des gens m’ont ajoutée dans leurs amis et puis ils sont venus me parler. Ils sont arrivés tout seuls, très vite. Comme j’avais écrit que je souhaitais devenir infirmière, ils m’ont dit que je pouvais venir aider en Syrie, pour faire de l’humanitaire, et qu’il n’y avait rien de mieux au monde que de se faire pardonner au Sham [le Levant, où se trouve la Syrie, NDLR]….

Un jour on m’a dit : ‘C’est mort, avec ce que tu as sur le dos, tu ne pourras jamais venir, alors maintenant il faut passer à l’acte en France.’ Ils ont commencé à me montrer des vidéos des enfants morts en Palestine, à me parler de la nécessité d’agir contre les juifs. Quand on est fiché à la frontière, ils nous mettent la pression pour qu’on fasse des attentats kamikazes ou « à la Merah » [du nom de Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, NDLR]. C’est une femme qui m’en a parlé la première. J’avais trouvé le lieu, le moyen de me procurer des armes. […]

Le Nouvel obs

via Fdesouche.com

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