20/11/2013
Imprimantes 3D : le leader français devient… américain
Phenix Systems vient d’être racheté par le numéro 2 mondial, 3D Systems. La société était le seul acteur français d’envergure internationale.
La nouvelle tombe mal alors que s’ouvre vendredi à Paris, le premier salon français consacré à l’impression 3D :
Phenix Systems, le principal fabricant d’imprimantes 3D « made in France » vient de passer définitivement sous pavillon américain.
Le groupe 3D Systems a annoncé, mardi soir, avoir acquis 93 % des actions de l’entreprise tricolore. Le rachat, finalisé la semaine dernière, valorise l’entreprise à 15 millions d’euros. Les deux fondateurs, qui détenaient chacun 13 % du capital, ont vendu leurs titres et l’un d’entre eux, le PDG François Reymondet, a quitté l’entreprise.
Fondé en 2000 à Clermont-Ferrand, Phenix Systems est spécialisé dans le frittage laser de poudres, une des multiples technologies d’impression 3D. La société, qui emploie 50 personnes, fabrique des imprimantes professionnelles, capables de produire des objets en métal ou en céramique d’une très grande finesse, en empilant des couches de matière de l’ordre de 20 microns (0,02 mm).
Phenix a déjà vendu près d’une centaine de machines, notamment à des industriels des pneumatiques – dont Michelin – pour la fabrication de moules. Elle s’adresse, également, au secteur médical (dentaire), à l’aéronautique (General Electric) mais aussi au luxe, avec pour clients Rolex ou Cartier par exemple.
Coté sur Alternext depuis 2011, Phenix a été sanctionné en Bourse pour le repli de son chiffre d’affaires, passé de 5,9 millions d’euros en 2010 à 3,8 millions en 2012. « Ce n’est pas facile d’introduire une nouvelle technologie de production à un moment où les investissements des entreprises sont gelés, estime Jean-Baptiste Barenton, analyste financier chez Portzamparc. La trésorerie de l’entreprise s’est tendue et elle a été obligée de trouver un acteur auquel s’adosser. » Les relations très tendues de la direction avec les actionnaires historiques, majoritaires, expliquent aussi cette décision. En juin, 3D Systems a proposé un prix d’achat de 13 euros par action, alors que le cours était tombé à moins de 6 euros.
Avec cette opération, la France a perdu son seul acteur d’envergure internationale sur un secteur jugé stratégique – y compris par Arnaud Montebourg, qui dans son dernier livre (« La Bataille du made in France ») qualifie l’impression 3D de « révolution » susceptible de « bouleverser l’intégralité de nos productions ». Une start-up spécialisée dans l’impression 3D, Phidias Technologies, est, quant à elle, restée française in extremis. Au mois de mai, elle a été rachetée par Groupe Gorgé, déjà présent dans les systèmes de sûreté, la sécurité industrielle et la robotique. Fondé en 2007, Phidias a vendu plus d’une quinzaine de machines au cours des 3 dernières années et a réalisé, en 2012, un chiffre d’affaires de 1 million d’euros.
Cette acquisition, d’un montant de 4,84 millions d’euros, avait été encouragée, ouvertement, par le ministère du Redressement productif. Le PDG de Groupe Gorgé, Raphaël Gorgé, qui se dit « persuadé que la robotique et l’impression 3D joueront un rôle majeur dans l’usine du futur » , indique qu’il aurait pu être intéressé par Phenix, mais déplore d’être arrivé sur ce dossier « quand il était déjà trop tard. »
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