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31/05/2013

Obligés de fuir leur quartier parce que blancs : gros plan sur une famille victime d'un racisme qui n'intéresse pas les médias

Le 30 juin 2010, dans un quartier habité par une forte communauté maghrébine, une famille ostracisée par son voisinage est exfiltrée de son domicile par les policiers sous un torrent de menaces et d'injures racistes anti-blanc. L'affaire a été jugée ce jeudi dans le silence médiatique.

Monsieur et Madame LETERME ont fait l’acquisition d’un appartement situé à Savigny-le-Temple, dans un quartier qu’ils savaient habité par une importante communauté maghrébine. Rapidement et régulièrement victimes d'injures à caractère discriminatoire et de menaces, ils ont dû être évacués de leur domicile avec l'aide de la police et ont porté plainte. Monsieur LETERME s'est lui aussi retrouvé sur le banc des accusés poursuivi à côté de ses agresseurs pour un coup de poing qu’il aurait donné alors qu'il se débattait contre ces derniers. Indigné par le silence des grands médias sur cette affaire, l'avocat de la famille accorde une interview exclusive à Atlantico pour révéler ces faits au grand public. 

Atlantico : Vous défendez une famille obligée de quitter son quartier parce qu'elle n'appartenait pas au groupe ethnique majoritaire. Pouvez-vous nous donner plus de détails sur cette affaire ? Que s'est-il passé exactement ?

Stéphane Maitre : Ce jour-là, une dispute a éclaté entre M. LETERME et un voisin à propos d’une dispute entre deux enfants. Rapidement, un attroupement des jeunes du quartier s’est formé autour de M. LETERME, heureusement rejoint par un ami. Ces derniers ont été roués de coups de poing, de bâtons et de planches. Ils ont été sérieusement blessés : plaie béante au niveau du crâne nécessitant 6 points de suture, traumatisme crânien, main fracturée, ecchymoses et hématomes multiples (7 et 21 jours d’ITT) ; Voyant le sang couler, les agresseurs ont pris la fuite. La police et les pompiers sont arrivés, ce qui a provoqué un nouvel attroupement. La famille LETERME s’est réfugiée dans le camion mais les jeunes du quartier hurlaient des injures et des menaces, frappant même sur le camion à coups de pied. Terrorisés, ils ont décidé de tout quitter ; en une nuit, ils ont fait leurs valises et ont déménagé le lendemain sous protection de la police.

Pourquoi avoir choisi de rendre ces faits publics ? Avez-vous eu des difficultés à faire connaître cette affaire dans les grands médias ?

Parce que la famille LETERME va se retrouver doublement victime, et veut témoigner d’une incroyable injustice : malgré l’agression violente dont il a été victime, M. LETERME s'est retrouvé lui aussi sur le banc des accusés, poursuivi à côté de ses agresseurs pour un prétendu coup de poing qu’il aurait donné pendant la bagarre, alors qu’il n’a fait que se débattre comme il pouvait pour se défendre contre huit personnes qui le rouaient de coups. Sous prétexte que l’un des agresseurs s’était fait délivrer un certificat médical de son médecin traitant et avait déposé plainte (deux jours après les faits), le parquet n’a rien trouvé de mieux que de convoquer M. LETERME, non seulement en tant que victime (ce qui était la moindre des choses), mais également en tant que prévenu auteur présumé de violences légères.

Peut-on aussi parler d’un cas avéré de racisme anti-blanc ? Avez-vous plaidé en ce sens ?

Les mots parlent d’eux-mêmes : l’un des prévenus a clairement menacé Madame LETERME en ces termes : « on va se retrouver, on va te faire la misère, on va te faire la peau, sale pute, sale blancheon va se retrouveron va vous trancher la gorge à toi et à ta fille ». Il ne s’en est même pas caché, tenant ces propos devant le policier qui protégeait Madame LETERME. Ce n’est pas la première fois. La famille LETERME avait déjà déposé deux mains courantes pour ce type de menaces ouvertement racistes.

S’agit-il d’un fait divers ou d’une affaire politique qui dépasse le simple cadre juridique ?

Il ne s’agit pas d’en faire une affaire politique, mais de constater que dans certains quartiers, il existe des cas avérés de racisme anti-blanc, où des habitants sont de fait ostracisés voire violentés parce qu’ils n’appartiennent pas à la communauté majoritaire. Cette affaire est assez topique : le lendemain, il y avait eu un article dans la presse locale, où il était expliqué en gros que c’est la famille LETERME qui n’avait pas su s’intégrer.

Mais cette affaire est tout aussi emblématique d’une curieuse façon de traiter les victimes : après le traumatisme que cette famille a vécu, il est à peine croyable que le parquet ait eu l’idée de poursuivre la victime, qui n’a fait que se défendre. La victime, un père de famille sans histoire, s’est retrouvée sur le banc des accusés au même titre que ses agresseurs aux casiers judiciaires déjà très chargés (l’un d’entre eux avait déjà 11 condamnations à son casier et les autres de 3 à 6).

Que nous révèle selon vous cette affaire de la société française ?

Une propension inquiétante à l’inversion des rôles (victime/agresseur) et à l’aveuglement devant certaines réalités (les blancs sont aussi victimes de racisme). Il ne faut pas généraliser, mais ces réalités sont pourtant vécues dans notre pays, elles arrivent devant nos tribunaux. Elles restent pourtant largement sous estimées voire niées dans la pensée unique officielle et dans les grands médias.

Quelle décision les juges ont-ils rendu dans ce dossier ?

Deux peines de prison ferme (6 mois et 2 mois) sachant  qu’en dessous de deux ans ferme, la peine est systématiquement aménagée, et 8 mois de sursis simple pour le troisième. Quant à mon client M. LETERME, à la fois victime et poursuivi pour violence légères, le Procureur a tout de même requis une peine de 1500 Eur d’amende contre lui ! Heureusement le tribunal ne l’a pas condamné. Il a été relaxé, car la poursuite le concernant était prescrite (simple contravention de violence légère, qu’il contestait au demeurant). Quant aux dommages et intérêts, ils s’élèvent en tout, pour la famille LETERME, à 7.800 euros pour tous les préjudices confondus pour les trois victimes (les parents et la petite fille de 12 ans). C’est sans aucune commune mesure avec le drame qu’ils ont vécu, et qui a changé leur vie puisqu’ils ont dû tout quitter, leur logement, leur région et même leur travail.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

Atlantico


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