20/09/2012
Les OGM sont insuffisamment évalués
Laurent Chevallier, spécialiste de la nutrition, revient sur l'étude montrant les conséquences délétères sur les rats des OGM Monsanto.
Manifestation contre le maïs Monsanto 810 en Allemagne, en 2009. © Nigel Treblin / AFP
Toute la presse s'en est fait l'écho. Et pour cause, l'étude menée pendant 2 ans sur 200 rats, par l'équipe du professeur Séralini, à l'université de Caen est une véritable bombe*. Elle conclut qu'un OGM, le maïs NK603, provoquerait de graves maladies et une mort prématurée chez les rats qui en consomment. Et, comme toujours, les réactions sont évidemment très contrastées : les anti-OGM sont confortés dans leurs convictions, tandis que les pro-OGM mettent en doute la manière dont l'étude a été conduite et demandent que soit nommée une commission d'enquête sur le laboratoire dans lequel l'expérience a été faite.
Soit, mais cette affaire apporte la preuve de la nécessité d'une meilleure expertise des OGM. Car comment se fait-il que les agences sanitaires européennes et nationales n'aient jamais rien trouvé à redire aux essais produits par les industriels des OGM, qui durent trois mois, au lieu de deux ans - dans le cas de l'étude du professeur Séralini -, qui reflètent mieux la réalité de l'exposition ?
Manque de transparence
Bien entendu, il ne s'agit pas de tirer des conclusions définitives à partir d'une étude, même publiée dans une revue scientifique respectée, mais il y a urgence, par contre, à réaliser d'autres expériences de longue durée avec cet OGM, pour décider ou non d'un moratoire immédiat de la culture des OGM en Europe, voire d'une interdiction des importations d'aliments du bétail contenant des OGM (soja, maïs).
Autre question qu'il faudrait poser à Bruxelles : pourquoi les industriels ont-ils jusqu'à ce jour à empêcher une meilleure traçabilité des produits pouvant contenir des OGM ? La tomate de votre pizza est-elle issue d'une culture OGM ? Officiellement, la présence d'OGM doit être mentionnée sauf en cas de présence inférieure à 0,9 %. Qu'est-ce qui nous le garantit ?
En fait, nous pouvons avoir des OGM tous les jours dans notre assiette sans aucun moyen de les repérer. En France, on trouve des OGM dans une série d'additifs couramment utilisés par l'industrie agroalimentaire, comme la lécithine de soja ou E322, l'amidon oxydé ou E1404, les phosphates d'amidon, etc. Les OGM sont aussi autorisés comme ingrédients dans les céréales pour le petit déjeuner, les barres de céréales, le pain de mie et même des préparations pour les nourrissons, en l'occurrence celles qui contiennent des protéines de soja.
Et si l'on imposait un peu de transparence ?
* Seralini GE et al. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modiied maize, Food and Chemical Toxicology, 2012
Source: Le Point
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