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21/02/2012

Les confidences du garde du corps de Jean-Marie Le Pen: " la devise des Le Pen, c'est : Ne jamais reculer "

Après 20 ans passés au service de Jean-Marie Le Pen, Thierry Légier est le garde du corps de Marine Le Pen depuis un an. Âgé de 46 ans, ce grand gaillard au crâne rasé - 1,90 m pour 97 kg - publie mercredi une autobiographie : Mission Le Pen (*). Dans ce livre bourré d'anecdotes, le gorille lève le voile sur une partie du "monde secret" de Jean-Marie Le Pen : son déjeuner au Fouquet's en 2004 avec des membres de la communauté juive, ses rencontres avec le Serbe Radovan Karadzic ou le dernier patron du KGB soviétique, ses relations avec François de Grossouvre, conseiller de Mitterrand, et même ses dîners en tête à tête avec Valéry Giscard d'Estaing. Avant la sortie de son livre, Thierry Légier a accepté de répondre aux questions du Point.fr.

Le Point.fr : Comment êtes-vous devenu garde du corps de Jean-Marie Le Pen ?

 Thierry Légier : Ancien militaire au 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine à Carcassonne, j'ai servi en Nouvelle-Calédonie, en Centrafrique, au Tchad. Puis je me suis tourné vers la sécurité privée : j'ai protégé des industriels, des familles saoudiennes ou qataries, des stars du show-biz comme Sean Penn, Mel Brooks et Charles Bronson. En 1992, un de mes contacts m'a proposé de devenir garde du corps de Jean-Marie Le Pen. J'ai passé des entretiens et le courant est tout de suite passé avec le président du FN.

 Peut-on protéger un Le Pen sans partager ses convictions politiques ?

 Un garde du corps est un peu comme un garagiste ou un médecin : il doit soigner quel que soit le client. Mais il est évident qu'il est plus agréable de travailler pour une personne avec qui on a des affinités. Par principe, étant un patriote, cela ne me dérangeait pas, bien au contraire, de protéger Jean-Marie Le Pen. Au bout de 19 ans de service, Jean-Marie Le Pen m'a proposé d'être candidat aux élections régionales de 2010 en Seine-Maritime, mon département d'origine, et j'ai été élu.

 Quelles activités physiques pratiquez-vous pour entretenir votre forme ?

 Chacune de mes journées commence par des étirements, des abdominaux, des pompes. Trois fois par semaine, je vais à la salle de sport pour faire du cardio-training, de la musculation et de la boxe. Une fois par mois, je vais au stand de tir, parfois avec Jean-Marie et Marine Le Pen. Je suis aussi un amateur de plongée sous-marine et de chute libre.

 En 20 ans de garde rapprochée avec Jean-Marie Le Pen, quel souvenir vous a le plus marqué ?

 Mes missions de rencontres secrètes avec des personnes jugées infréquentables, que cela soit en Bosnie ou en Irak. Nous avions peu de moyens, donc le plus souvent nous travaillions sur le fil du rasoir. En mai 1996, nous sommes partis d'Amman, en Jordanie, pour rejoindre Bagdad, par la route en raison de l'embargo. Pendant quinze heures, on a traversé le désert, en taxi, sans aucun moyen de communication. C'était difficile, mais nous y sommes arrivés. Jean-Marie Le Pen a pu rencontrer Saddam Hussein au palais présidentiel, ainsi que son Premier ministre, Tarek Aziz.

 Au quotidien, quel genre d'attaque redoutez-vous le plus ?

 Ce que l'on redoute le plus, c'est un contrat, l'acte isolé venant d'un déséquilibré ou de groupes fanatiques religieux. J'ai été très secoué par l'assassinat de Pim Fortuyn (chef de la droite populiste néerlandaise, NDLR) en 2002, qui avait refusé toute protection policière. Après avoir été prévenu de cette nouvelle par téléphone par des députés flamands, j'ai été voir Jean-Marie Le Pen à son domicile. Il m'a répondu : "Maintenant, il va falloir ouvrir l'oeil." En vingt ans, je n'ai jamais vu Jean-Marie Le Pen paniquer. Il n'a jamais peur de rien. Il ne fuit pas le danger et déteste devoir reculer. C'est plus difficile de protéger une personne qui n'a pas peur que quelqu'un qui a la trouille. D'ailleurs, la devise des Le Pen, c'est : "Ne jamais reculer". Le plus dur dans la profession de garde du corps, c'est de savoir donner un ordre d'évacuation en cas de danger et de le faire respecter. Sur ce point, Marine Le Pen est davantage à l'écoute.

(*) Mission Le Pen, Thierry Légier, éditions du Toucan, en librairie le 22 février.

 

Source: Le Point

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