16/09/2011
Etat palestinien : pourquoi Paris ne se prononce pas
INTERVIEW - Sébastien Boussois, spécialiste du conflit israélo-palestinien, explique la position prudente de la France vis-à-vis de la demande d'adhésion d'un Etat palestinien à l'ONU.
Le 20 septembre prochain, les Etats membres de l'ONU seront amenés à se prononcer sur l'éventuelle adhésion d'un Etat palestinien. Alors qu'Israël y est opposé et que les Etats-Unis ont menacé d'opposer leur veto, la France, par la voix d'Alain Juppé, est restée très prudente à propos de son vote. «C'est en fonction de ce qui va se passer que nous déterminerons notre position», s'est contenté de déclarer le ministre des Affaires étrangères.
Sébastien Boussois, enseignant en relations internationales, spécialiste du conflit israélo-palestinien et fondateur du Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient, livre son sentiment sur la situation délicate dans laquelle se trouve la France.
LE FIGARO Pourquoi la France n'annonce-t-elle pas directement sa position concernant la demande d'adhésion d'un Etat Palestinien à l'ONU ?
La France ne prend pas de position car elle attend de voir comment le vent va tourner. Le «oui» pour le vote du 20 septembre n'est pas acquis. Paris préfèrerait sans doute une reprise des négociations entre Israël et la Palestine, qui est, il faut le savoir, reconnu par plus d'Etats de la communauté internationale que le Kosovo.
Ces hésitations sont-elles dues à la volonté de ne pas se mettre à dos Israël et les Etats-Unis ?
Evidemment. Se mettre à dos Israël serait risqué car il s'agit d'un allié fort qui est très isolé dans sa région, entouré de nations qui ne lui sont pas favorables. Du côté américain, ce vote tombe mal. L'élection présidentielle approche et il s'agit de ne pas contrarier la forte communauté juive présente aux Etats-Unis.
Il faut aussi penser au problème posé par l'Union Européenne. Les Etats membres ne sont pas d'accord sur la décision à prendre. Faut-il adopter une position commune ? Et, si oui, laquelle ?
Dans ce contexte, la France soutient-elle autant les Palestiniens que par le passé ?
La politique «pro-arabe» menée par Jacques Chirac s'est terminée avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy, plus atlantiste et plus sioniste. Néanmoins, il ne faut pas oublier que le Président a déjà critiqué la politique israélienne, notamment sur le problème de la colonisation.
Mais je ne pense pas que soutenir la création d'un Etat palestinien revienne à remettre en cause l'existence et la légitimité d'Israël. Tout le monde Benyamin Netanyahou compris est conscient de la nécessité d'un Etat palestinien. Si les négociations se poursuivent, je pense qu'un accord est possible.
Source: Le Figaro
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