22/06/2011
Prison à perpétuité pour des opposants chiites à Bahreïn
MANAMA (Reuters) - Le Bahreïn a condamné mercredi à la prison à perpétuité huit dirigeants politiques chiites, accusés de complot en vue de renverser le gouvernement.
Vingt et un dirigeants d'opposition étaient jugés pour leur rôle lors des grandes manifestations du début de l'année, dont sept par contumace.
Parmi les condamnés figure le dissident chiite Hassan Mouchaimaa, qui dirige le parti d'opposition Hak.
Ibrahim Charif, dirigeant sunnite du parti laïque de gauche Waad, a été condamné à cinq ans de prison. Comme le Wefak, premier parti chiite de Bahreïn, le Waad avait réclamé des réformes dans le royaume, où ont eu lieu plusieurs manifestations d'envergure.
Au total, quelque 400 personnes ont été traduites en justice pour leur rôle dans les manifestations, a affirmé le Wefak au début du mois, et certaines ont été exécutées.
Après le verdict, les accusés ont, selon des témoins, levé le poing et promis de continuer à réclamer des réformes "de manière pacifique".
L'agence de presse officielle a rapporté qu'ils étaient accusés de "tentative de renverser le gouvernement par la force en liaison avec une organisation terroriste à l'étranger", allusion voilée à l'Iran.
La sentence devrait attiser les tensions dans le pays, où des manifestations de moindre envergure ont eu lieu depuis la levée de la loi martiale, le 1er juin. Après le verdict, de petites manifestations dans des villages chiites ont été dispersées par les forces de l'ordre, ont rapporté des témoins.
Un dialogue politique doit être organisé en juillet avec l'opposition, sous l'égide du roi Issa ben Hamad el Khalifa.
Lors d'une conférence de presse, le Wefak s'est dit inquiet pour la bonne tenue de ce dialogue après les condamnations de mercredi et n'a pas exclu de boycotter les discussions.
"Ces condamnations ne contribuent pas à une atmosphère de dialogue (...) Les condamnés représentent une partie importante de notre mouvement. Comment peut-il y avoir un dialogue s'ils sont en prison", a dit le porte-parole du parti, Khalil al Marzouq.
Bahreïn, dirigé par une dynastie sunnite, a réprimé la contestation en mars avec l'aide de ses voisins sunnites du Golfe.
Bureau de Manama, Clément Guillou et Guy Kerivel pour le service français
Source: Reuters
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